Au même titre que la Finlande, dont le système scolaire a été maintes fois cité en exemple, le Canada a un système d'éducation qui est envié partout dans le monde, dit l'expert finlandais en éducation Pasi Sahlberg. À une différence majeure près : les Finlandais, dit-il, n'accepteraient jamais que l'argent public serve à financer des écoles privées.

Aujourd'hui professeur de politiques éducatives à l'Université de Sydney, en Australie, l'homme était de passage dans la métropole hier à l'invitation du Mouvement L'école ensemble, qui milite pour la fin des subventions aux écoles privées, et du Groupe d'études et de recherche sur l'international et le Québec.

Les établissements privés et ceux qui sélectionnent leurs élèves influencent négativement tout un système scolaire, estime Pasi Sahlberg, dont le pays d'origine ne compte que des écoles publiques depuis les années 70.

« Qui sont ces enfants qui ne vont pas dans les écoles privées, ou dans les écoles qui sélectionnent les élèves ? Qui reste ? Si le système n'est pas fait pour aider ces écoles qui aident ces élèves, alors on a un problème. Si ce n'est pas reconnu dans le financement de ces écoles, c'est un problème », dit-il.

En cette période électorale, il suggère une question à poser aux aspirants dirigeants québécois : quel type de société voulons-nous avoir ?

« Voulez-vous une société où les jeunes ont un endroit où découvrir leurs passions et leurs talents, ou est-ce que vous voulez que ça dépende des parents qu'ils ont ? Je pense que la réponse à cette question conduit au système d'éducation que nous voulons avoir », soutient le défenseur du modèle finlandais.

Au secondaire, un élève québécois sur cinq fréquente une école privée. Est-il illusoire de croire qu'on pourrait inverser la tendance ?

« C'est possible, bien entendu. Mais tout demande du temps en éducation, les choses ne changent pas du jour au lendemain. Je crois que le prochain enjeu en éducation sera l'inclusion et la justice, afin de s'assurer que l'éducation serve toute la société. Et une éducation publique forte est probablement le meilleur moyen d'y arriver », répond Pasi Sahlberg.

REDORER L'IMAGE DES PROFESSEURS

En plus de se préoccuper d'inclusion, Pasi Sahlberg s'est aussi penché sur la valorisation de la profession d'enseignant, sujet auquel il a consacré un livre.

La vision qu'ont les Finlandais de la profession d'enseignant a grandement changé au cours des deux dernières décennies, explique-t-il. Il y voit même une possible solution à la pénurie d'enseignants que vit le Québec.

Les enseignants de ce pays nordique sont perçus comme des professionnels qui ont une autonomie pour agir, observe-t-il. Ils se voient eux-mêmes ainsi.

« Quand les Finlandais pensent à ce que les professeurs font, ils y pensent comme ils le feraient pour un architecte, un médecin, un avocat. Il y a une confiance envers les professeurs, ce qui est très loin d'être le cas partout dans le monde », note Pasi Sahlberg.