En ce jour de rentrée universitaire, les campus s'activent pour que la nouvelle cohorte ne soit pas confrontée à la même culture qui a longtemps laissé un flou régner autour des violences sexuelles.

Il s'agit du premier retour en classe depuis l'adoption, en décembre, de la Loi visant à prévenir et à combattre les violences à caractère sexuel dans les établissements d'enseignement supérieur et, déjà, l'Union étudiante du Québec (UEQ), née des cendres de la Fédération étudiante universitaire du Québec, relève un certain « momentum ».

Le président de ce regroupement d'associations étudiantes, Guillaume Lecorps, dit s'attendre « à voir d'importants changements » cette année.

« On sent vraiment qu'il y a un effort collectif pour régler cette problématique », soutient-il en entrevue avec La Presse canadienne.

Il cite en exemple les formations dispensées en vue des initiations sur la notion de consentement sexuel et sur les manières d'intervenir en cas de harcèlement.

« Sans enrayer ou anéantir le côté intéressant des activités d'accueil, on arrive désormais à le faire de façon positive et avec tous les outils nécessaires pour éviter les débordements », assure M. Lecorps.

La nouvelle loi contraint les établissements à se doter d'une politique de lutte contre les violences sexuelles qui doit prévoir des formations obligatoires, un processus de plainte et des sanctions applicables.

Les établissements ont toutefois jusqu'en janvier pour adopter une telle politique, et jusqu'en septembre pour la mettre en oeuvre.

Guillaume Lecorps affirme néanmoins que les effets de la loi se font déjà sentir, notamment grâce aux projets étudiantes, qui lui ont préparé le terrain, comme le démontre la campagne « Sans oui, c'est non ».

Stages et services

Alors que les Québécois âgés de 18 à 35 ans forment maintenant le tiers de l'électorat au Québec, l'UEQ demande aux partis en campagne de s'engager sur deux principaux plans : les services aux étudiants et la compensation financière des stages.

Aux politiciens qui lui demandent comment intéresser les jeunes à la politique, Guillaume Lecorps répond tout simplement.

« Voici ce que la jeunesse étudiante vous demande de façon consensuelle et unanime. Si vous voulez que la jeunesse s'intéresse à la politique, à votre parti, il est primordial de vous positionner sur ces revendications », martèle-t-il.

Il exhorte les formations politiques à promettre de réinvestir dans les services mis à mal par les compressions budgétaires des dernières années et de compenser financièrement les stages dans le milieu public.

Il relève présentement une iniquité paradoxale entre les stagiaires en sciences infirmières ou en travail social par exemple - des milieux à prédominance féminine - et ceux dans le secteur privé, avec des métiers traditionnellement masculins, comme le génie, pour leur part rétribués.

« C'est d'autant plus troublant quand on réalise que, pour ces stages au privé rémunérés, le gouvernement attribue un crédit d'impôt qui est remis aux entreprises pour qu'elles reçoivent des stagiaires, une valeur monétaire que le gouvernement lui-même n'accorde pas aux stagiaires dans ses propres établissements », se désole M. Lecorps.

L'UEQ compte plus de 79 000 membres répartis notamment entre l'Université de Montréal, l'Université de Sherbrooke et l'Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue.