La présidente de la Fédération des commissions scolaires du Québec (FCSQ), Josée Bouchard, a menacé de représailles les directions d'école et les comités de parents qui n'ont pas défendu les élections scolaires, dénoncent quatre associations du réseau de l'éducation.

Elles ont alerté le ministre François Blais à ce sujet dans une lettre que La Presse a obtenue de source gouvernementale.

L'événement s'est produit le 12 novembre dernier, lors d'un colloque de l'Association des directions générales des commissions scolaires. Josée Bouchard «a profité de la période de questions pour tenir un discours menaçant à l'égard de plusieurs partenaires du réseau de l'éducation», peut-on lire dans la lettre. «Après avoir abordé l'importance du rôle des commissions scolaires, elle a fait allusion, advenant que la structure des commissions demeure en place, que les associations qui n'ont pas défendu les élus scolaires devraient faire preuve de résilience.» Ce sont des propos «totalement inacceptables», ajoute-t-on.

La présidente de l'Association québécoise du personnel de direction des écoles, Danielle Boucher, était présente et est l'une des signataires de la lettre. «Josée Bouchard a fait allusion que, si [les élus scolaires] allaient gagner, on allait passer un mauvais quart d'heure. "Prenez une bonne respiration parce que ça ne va pas bien se passer pour vous": c'est comme ça qu'on l'a compris. Le malaise était généralisé dans la salle. On s'est dit qu'on ne peut pas laisser faire ça. Alors on a informé le ministre», a-t-elle expliqué.

Dans sa sortie, Mme Bouchard a reproché aux directions d'école et aux comités de parents de ne pas avoir pris la défense des élections scolaires. Le gouvernement Couillard entend les abolir avec son projet de loi sur la gouvernance scolaire, attendu d'ici la fin de la session parlementaire, le 4 décembre.

«On n'a jamais sorti pour l'abolition des élections scolaires. Mais on n'a jamais dit au ministre qu'on ne serait pas là pour l'aider s'il voulait faire des changements», a souligné Mme Boucher.

Mauvaise interprétation

Josée Bouchard a décliné une demande d'entrevue. Elle se défend d'être allée jusqu'à faire des menaces, a-t-elle fait savoir par l'intermédiaire d'une porte-parole. «Elle a dit qu'avec l'imminence du dépôt du projet de loi, une prise de position des partenaires [en faveur des élus scolaires] serait le bienvenu. Elle trouve dommage que certains aient interprété ça comme une menace», a affirmé Caroline Lemieux, qui n'était pas au colloque.

Or, d'autres sources présentes à l'événement ont confirmé la version des signataires de la lettre. C'est même le cas d'une présidente de commission scolaire, Marie-Louise Kerneïs (Grandes-Seigneuries), qui se «dissocie des propos menaçants» de Mme Bouchard. Cette commission scolaire s'est désaffiliée de la FCSQ l'an dernier.

Les autres signataires de la lettre sont les présidentes de la Fédération des comités de parents, de la Fédération québécoise des directions d'établissement d'enseignement et de l'Association montréalaise des directions d'établissement scolaire.

«L'approche» de Josée Bouchard «n'est pas celle que l'on adopte avec ceux qui sont les plus près des élèves», a réagi l'attachée de presse du ministre Blais, Julie White. Le projet de loi du gouvernement vise à décentraliser le réseau, en accordant plus de pouvoirs aux directions d'école, notamment.