C'est ce mois-ci qu'est implanté le projet-pilote d'éducation sexuelle dans 15 écoles du Québec (12 écoles publiques, trois écoles privées), qui s'étendra sur deux ans. Le ministère de l'Éducation vient de dévoiler ce que le programme contient. Aperçu et réactions.

En première année, les élèves seront exposés aux stéréotypes sexuels - dans les jeux, les métiers, etc. Ils apprendront aussi à reconnaître les situations d'agression sexuelle et à s'en protéger (par exemple en criant ou en disant non) et à les dénoncer s'ils en sont victimes.

À la fin de la 2e année, les enfants sauront le nom et la fonction des organes sexuels et ils apprendront comment se fait un bébé. On leur parlera aussi d'hygiène personnelle, de pudeur et de la diversité des sentiments qu'ils peuvent éprouver envers des gens de leur entourage.

En 3e année, on reviendra sur les différentes formes d'agression sexuelle (exposition forcée à du matériel pornographique, exhibitionnisme, contact sexuel) et on discutera «des représentations stéréotypées de la féminité et de la masculinité».

En 4e année, on parlera de puberté et d'inégalité entre les sexes. On abordera en outre la question de la différence entre camaraderie et amour.

En 5e année, on traitera encore de la prévention des agressions sexuelles, en insistant sur les stratégies des agresseurs et sur l'importance d'être prudent sur le web. Il sera aussi question d'hormones, de désir sexuel et de masturbation.

En 6e année, les discussions tourneront autour du sexisme, de la diversité sexuelle, d'éveil amoureux et sexuel.

Au secondaire

En 1re secondaire, on fera prendre conscience aux jeunes de la place qu'occupent l'attirance et les sentiments amoureux à l'adolescence. On discutera du «continuum de l'orientation sexuelle: hétérosexualité, homosexualité et bisexualité». On parlera aussi «du caractère graduel de la découverte de son orientation sexuelle».

En 2e secondaire, on se penchera sur les pressions sociales de toutes sortes, de la peine d'amour, de la «séquence des comportements sexuels allant des comportements légers (baisers, caresses) aux relations sexuelles génitales». Il sera aussi question de contraception, d'infections transmises sexuellement, des taux de grossesse chez les jeunes.

En 3e secondaire, il sera de nouveau question de contraception, des «barrières aux comportements sexuels sécuritaires (consommation d'alcool ou d'autres drogues)». On abordera aussi la question du désir et des fantasmes amoureux et sexuels.

En 4e secondaire, les jeunes seront appelés à réfléchir à la violence dans le contexte amoureux, aux différentes manifestations de violence, à l'importance de «se donner du temps avant de s'engager dans une relation». On parlera aussi d'atteintes à la réputation, de consentement et de double standard, comme celui qui fait en sorte que «les filles et les garçons qui ont des relations sexuelles ne sont pas jugés de la même façon».

En 5e secondaire, on reviendra sur les infections transmises sexuellement, sur les grossesses, sur le sens civique («par exemple, arrêter d'avoir des relations sexuelles lorsqu'on est infecté par une ITSS, aviser un partenaire exposé, utiliser adéquatement le traitement»).

Ce qu'en pensent les syndicats

Si les syndicats ne s'opposent ni au cours ni à son contenu, ils en ont contre la façon dont le programme, qui doit faire de 5 à 15 heures par année, est né.

À ce jour, note Josée Scalabrini, présidente de la Fédération des syndicats de l'enseignement, «on ne sait toujours pas qui enseignera ces notions. Des enseignants? une sexologue? une infirmière?».

Elle note qu'il est ici question d'un «programme» et non d'un cours en bonne et due forme et que ce programme a été développé sans vraiment impliquer les enseignants.

Nathalie Morel, vice-présidente à la Fédération autonome de l'enseignement (FAE), croit que cela se traduira par une «tâche additionnelle pour les enseignants, alors que l'on a déjà de la difficulté à enseigner le programme actuel». La FAE réclame que l'éducation sexuelle soit une matière dans le curriculum et que ceux qui l'enseigneront «soient formés en conséquence».

L'exemple de nos voisins

En Ontario, le nouveau programme d'éducation sexuelle continue d'être fortement contesté, en raison de son contenu - les questions d'orientation sexuelle, de masturbation et d'identité sexuelle en font particulièrement tiquer certains -, mais aussi parce qu'il n'a pas fait l'objet d'une consultation préalable.

À cela, la première ministre, Kathleen Wynne, a répondu qu'il n'y a pas de consultation non plus quand un nouveau programme de géographie ou de mathématiques est implanté et que son gouvernement ne voyait pas pourquoi ce serait différent en matière d'éducation sexuelle.