Pendant des semaines, les projecteurs ont été braqués sur l'UQAM, épicentre de la contestation étudiante. Qui s'en tire le mieux? Qui a perdu des plumes? À chaud, à la demande de La Presse, la firme CROP a sondé les Québécois qui, comparativement au printemps 2012, semblent très peu sensibles à la bataille des jeunes. Les grands gagnants du conflit étudiant? Les policiers.

De tous ceux qui ont été des acteurs - volontaires ou pas - du conflit, ce sont les policiers qui ressortent comme les grands gagnants. Pas moins de 48% des personnes sondées se sont montrées satisfaites de leur travail. Youri Rivest, vice-président de CROP, n'est pas étonné de ce résultat. De sondage en sondage, fait-il remarquer, les policiers ont plutôt une bonne cote.

Les grands perdants

Pas moins de 66% des répondants se montrent insatisfaits des décisions des associations étudiantes et 50%, du syndicat des professeurs de l'UQAM, qui les a fortement appuyées. Pour ce qui est du ministre François Blais, qui récolte 47% d'insatisfaits, M. Rivest croit que cela reflète surtout l'insatisfaction globale à l'égard de son gouvernement. Quant à Robert Proulx, pas moins de 34% se sont abstenus de répondre, «signe peut-être, de son peu de notoriété ou du fait que le rôle de recteur est obscur pour bien des gens», ajoute M. Rivest.

L'image de l'UQAM

L'image de marque de l'UQAM en a certes pris pour son rhume dans cette affaire: 30% des parents sondés disent qu'ils seraient en désaccord si leur enfant décidait de fréquenter l'UQAM. Cela dit, comme le souligne Youri Rivest, de CROP, l'UQAM a de bonnes chances de s'en remettre. «Seuls 12% des répondants seraient totalement en désaccord avec l'idée que leur enfant aille à l'UQAM», relève-t-il.

Outre ceux-là, qui semblent vraiment avoir en horreur cette institution, les autres pourraient sans doute être convaincus, une fois que la poussière sera retombée.

Encadrer le droit de grève?

Sur la pertinence d'accorder un droit de grève formel aux étudiants, les Québécois sont totalement partagés: 41% sont d'accord, 39% s'y opposent, mais un répondant sur cinq n'ose pas se prononcer. «Il faut dire que ce n'est pas un enjeu d'actualité depuis longtemps, les gens ne se sont probablement pas fait une tête sur la question encore», dit M. Rivest.

Sans surprise, cette idée séduit surtout les plus jeunes: 49% des répondants de 18 à 34 ans sont d'accord avec cette idée.

Tout le monde en parle

Tout le monde ou presque (87%) a entendu parler des grèves, boycottages et débordements des dernières semaines et force est de constater, selon Youri Rivest, «que les étudiants ont perdu beaucoup de leur capital de sympathie depuis le printemps 2012, alors que 40% de répondants leur étaient acquis d'emblée».

Comme il était question d'éducation, nous avons cru bon de sonder les gens aussi sur la pertinence d'abolir les élections scolaires. Là-dessus, peu d'états d'âme: l'idée rallie 51% des répondants et jusqu'à 57% des francophones (les anglophones, eux, étant par principe très attachés à leurs commissions scolaires).