Pour la deuxième fois en huit jours, les étudiants membres de l'Association facultaire étudiante des sciences humaines de l'UQAM (AFESH) présents à leur assemblée générale ont choisi de poursuivre la grève, mardi, au terme de plus de sept heures de débat.

Le vote s'est fait à main levée, à huis clos et de façon décisive, de l'avis de diverses personnes interrogées. Les étudiants ont convenu de tenir une autre assemblée générale sous peu. L'AFESH représente quelque 5000 étudiants.

«Nous avons l'impression que l'UQAM n'est pas ouverte au dialogue et nous sommes fâchés qu'on brime notre droit de manifester, a dit Laurie Bissonnette, étudiante en travail social. Je souhaitais donc la poursuite de la grève, mais l'important, pour moi comme pour tant d'autres, c'est que chacun puisse s'exprimer et que la volonté de la majorité soit respectée.»

Bien qu'elle aurait souhaité la fin de la grève, une étudiante en psychologie a indiqué que l'assemblée s'est déroulée dans le respect de chacun. Il reste que la confusion que tout cela entraîne est de plus en plus dure à vivre.

«J'ai un examen [aujourd'hui]. Mon professeur nous dit qu'il faut que nous nous présentions en classe, quitte à nous apporter des bouchons pour les oreilles si le cours est perturbé, a-t-elle dit. Je ne sais pas trop quoi faire, je pense qu'il faut respecter le choix démocratique de la majorité, mais ça devient de plus en plus difficile.»

«Si nous avions mis fin à la grève, j'aurais eu l'impression qu'on a fait tout cela pour rien, a dit Jacinthe, étudiante en linguistique. Nous n'avons pas voulu seulement prendre position sur la grève, mais nous avons aussi condamné les interventions policières, la présence d'agents de sécurité et les positions du rectorat, et cela, j'en suis contente.»

«Notre combat est nécessaire et le sacrifice en vaut la peine», a dit pour sa part Samuel Cloutier, un étudiant en histoire.

Yan Millette, étudiant en sexologie, a quant à lui dénoncé le peu de respect de la démocratie. Le vote à main levée, avec des cartons rouges de fortune, «c'est n'importe quoi», a-t-il dit, découragé d'en être à sa deuxième grève en trois ans.

Problèmes de communication

L'assemblée de mardi a été d'autant plus longue que les étudiants se sont heurtés à d'importants problèmes de communication. L'assemblée se tenait au National, rue Sainte-Catherine, mais on a tenté de garder un lien avec d'autres étudiants réunis à l'UQAM. Le lien internet ne tenant pas, les débats ont été sans cesse interrompus par ces problèmes techniques, nous a-t-on raconté.

Sur Instagram, l'un des jeunes présents a signalé que pour survivre à de si longues assemblées, il fallait avoir des qualités de yogi, c'est-à-dire être capable de supporter la proximité des autres pendant des heures et s'habituer «aux effluves de gens qui ont chaud. [...] Patience, patience, patience!».

D'ailleurs, sur la photo qu'il a transmise, on voit une étudiante, manifestement rompue aux longues heures d'assemblée, qui a pensé à apporter son petit tapis de yoga pour plus de confort.

Notons par ailleurs que 2200 personnes de l'UQAM ont signé une pétition demandant la fin des procédures d'expulsion qui visent neuf étudiants pour des événements remontant dans certains cas à plusieurs mois.

Mardi, les perturbations à l'UQAM ont entraîné l'annulation de quatre cours. Quelque 10 000 étudiants sur 44 000 sont touchés par le mouvement de grève.

Pendant ce temps, au cégep du Vieux Montréal, les étudiants sont encore une fois appelés mercredi à se prononcer sur l'opportunité de poursuivre ou non la grève. Là encore, les votes ou tentatives de vote se multiplient depuis quelques semaines.