Les élections scolaires du  2 novembre constituent aux yeux d'Yves Bolduc, ministre de l'Éducation, «un véritable test de crédibilité» pour les commissions scolaires qui devront d'ici là «convaincre la population de leur pertinence».

«Si le taux [de participation] est très anémique, il faudra se poser de sérieuses questions», a déclaré le ministre Bolduc, insistant sur le «caractère déterminant» de l'exercice.

Ces commentaires, formulés lors d'une conférence de presse à Montréal qui avait pour but d'inciter les Québécois à aller voter, faisaient parfaitement écho aux remarques formulées cette semaine à l'Assemblée nationale par le premier ministre Philippe Couillard.

Mercredi, au chef caquiste François Legault qui lui faisait remarquer que 45% des postes à la présidence de commissions scolaires seront pourvus sans opposition, M. Couillard a déclaré qu'il partageait sa préoccupation «quant à la signification réelle de cet exercice démocratique», mais qu'«il fallait bien mener à bien» les élections puisque «le processus était déjà engagé» au moment où son gouvernement est arrivé au pouvoir.

En conférence de presse, Josée Bouchard, présidente de la Fédération des commissions scolaires, a dit certes espérer elle aussi que le faible taux de participation aux élections de 2007 (7,9%) soit rehaussé cette fois, tout en ajoutant qu'elle n'avait pas l'impression tout de même «qu'il devait être triplé ou quadruplé» pour légitimer la pertinence des commissions scolaires.

La chose serait d'autant plus difficile, a-t-elle fait remarquer, que le budget pour promouvoir les élections est très faible (35 000$).

Mme Bouchard a aussi tenu à mettre en perspective le fait que 43% des commissaires et 45% des présidents ont déjà été élus sans opposition. Aux élections municipales de 2013, a-t-elle rappelé, 56% des conseillers et 47% des maires ont été élus par acclamation. «Sont-ils moins légitimes que les élus scolaires pour autant?»

Pour la première fois, la population sera appelée à voter pour les candidats à la présidence des commissions scolaires, alors qu'auparavant, la personne était choisie par les commissaires élus. Le ministre Bolduc et Josée Bouchard espèrent tous deux que cette nouveauté incitera les gens à s'intéresser au scrutin.

Fait important à noter, les Québécois doivent s'assurer d'être inscrits sur la liste électorale avant le 14 octobre.

Et ces vérificateurs?

Impossible d'évoquer la question des élections scolaires prochaines sans revenir sur les mandats de vérification lancés par Québec à la Commission scolaire de Montréal et à la commission scolaire des Patriotes, en Montérégie, de même qu'à la même menace qui pèse contre la Commission scolaire English-Montréal. À ce propos, le ministre Bolduc a souligné qu'il avait «de bonnes relations» avec la grande majorité des commissions scolaires.

Il est revenu sur le cas de la commission scolaire des Patriotes, disant que l'abandon de son service d'aide aux devoirs n'avait pas justifié à lui seul l'envoi de vérificateurs. «Il y a aussi la façon dont on fait cela et il y a aussi l'attitude. On n'a senti aucune collaboration du côté de la commission scolaire des Patriotes.»

Hélène Roberge, présidente de cette commission scolaire, est encore étonnée de se faire imposer cette vérification venue de nulle part, à son avis, et d'être l'objet de commentaires si durs du ministre alors que tant d'autres commissions scolaires doivent, comme la sienne, couper dans des services directs aux élèves.

«Payons-nous le prix d'avoir été particulièrement transparents et d'avoir avisé par lettre les parents de la coupe dans l'aide aux devoirs?», se demande Mme Roberge.

Les coupes annoncées en plein été par Québec ont obligé la commission scolaire des Patriotes à faire un déficit de 5,1 millions (sur un budget de 316 millions), a précisé  Mme Roberge.