Comment se fait-il que les partis politiques fassent si peu de cas de l'éducation pendant la campagne électorale, alors même que les écoles tombent en ruine ?

Cela, c'est la question que posaient aujourd'hui en conférence de presse les comités de parents de la Commission scolaire de Montréal et les syndicats regroupés au sein de la Coalition pour des écoles saines. 

Où vont les millions, quand ils partent du ministère de l'Éducation ? 

Ça, c'est la question que pose de son côté Lorraine Normand-Charbonneau, présidente de la Fédération québécoise des directions d'établissement d'enseignement. « Ce n'est pas normal qu'il n'y ait presque plus d'argent pour assurer les services aux enfants », se plaint-elle. 

En conférence de presse, les représentants des parents et des syndicats de la CSDM ont noté que la situation est telle que dans le milieu, on qualifie certaines écoles d'« érablières » en raison de tous ces toits qui coulent et de ces seaux posés partout. 

À la seule CSDM, à la fin de l'année, on en sera à huit écoles fermées pour cause d'insalubrité. Si les enfants d'Hochelaga-Maisonneuve sont particulièrement touchés - les enfants de l'école Baril, notamment, ont dû être déplacés à plusieurs reprises -, ils ne sont pas les seuls. La fermeture partielle de l'école des Nations, dans Côte-des-Neiges, force le déplacement d'élèves vers l'école Champlain située dans le Centre-Sud, ce qui, en transport, allonge les journées des enfants de deux heures, dénonce Jacques Dionne, président du Comité central des parents de la CSDM. 

En tenant compte des heures en services de garde, « certains enfants passent onze heures par jour à l'école, soit autant de temps qu'à la maison, poursuit M. Dionne. Il est normal que l'on demande des milieux sains ».

La Coalition pour des écoles saines à la CSDM réclame que 100 millions soient consacrés au cours des dix prochaines années à la remise à niveau des écoles. Elle milite aussi pour l'accélération des mises en chantier, retardées entre autres par l'aspect patrimonial de certaines écoles dont il faut tenir compte. 

Catherine Harel-Bourdon, présidente de la CSDM, n'est pas mécontente de la sortie de la Coalition pour des écoles saines, disant que ses revendications sont aussi les siennes. 

Cela dit, les quelque 100 millions consentis par Québec pour la rénovation d'écoles cette année sont satisfaisants, dit-elle. « Nous devrons maintenant assurer le suivi pour nous assurer que ce financement sera récurrent. »

Trop de programmes !

Dans un autre ordre d'idées, Lorraine Normand-Charbonneau, qui représente les directions d'écoles, plaide, elle, pour la fin de certains programmes panquébécois et pour que davantage de subventions soient versées directement aux écoles (en contrepartie d'une reddition de comptes adéquate). La multiplication de programmes - promotion de saines habitudes de vie, lutte à l'intimidation, réussite des garçons, etc. - entraîne à son avis une bureaucratie monstre et oblige à embaucher des personnes précises, alors que ces initiatives ne répondent pas nécessairement aux besoins réels des écoles, signale-t-elle. « Par exemple, je connais une école, en Gaspésie, où ce n'est pas la question de la réussite des garçons qui est préoccupante, mais celle des filles », note-t-elle.

Le point sur ces écoles qui inquiètent

Outre les huit écoles fermées ou en voie de l'être (Baril, Hochelaga, Saint-Nom-de-Jésus, Sainte-Jeanne-d'Arc-annexe, Saint-Gérard, une partie de l'école des Nations, l'École des métiers des Faubourgs et Sainte-Lucie), la Coalition pour des écoles saines à la CSDM a publié une liste de neuf écoles à risque. 

Le sont-elles vraiment ? Après s'être penchée sur les écoles déjà fermées, la Direction de la santé publique, qui travaille de près dans ces dossiers, a indiqué à La Presse qu'elle analysait présentement la qualité de l'air dans les écoles Saint-Jean-Baptiste-de-la-Salle, Sainte-Catherine de Sienne, des Cinq Continents et Joseph-Charbonneau.