Le réseau collégial évalue à 10 millions $ le montant nécessaire pour soutenir ses étudiants ayant des besoins particuliers. Mais pour l'heure, il accueille avec satisfaction l'injection de 5 millions $ annoncée jeudi par le ministre Pierre Duchesne.

Décrochage scolaire: une île, deux mondes

Au cours des dernières années, le nombre d'étudiants en difficulté a explosé dans les cégeps. En 2007, quelque 1300 étudiants en situation de handicap fréquentaient l'un des 48 cégeps de la province. Cinq ans plus tard, à l'automne 2012, ils étaient 7500, ce qui constitue une augmentation de 477 pour cent.

Cette explosion représente une «bonne nouvelle» aux yeux du ministre de l'Enseignement supérieur, de la Recherche, de la Science et de la Technologie, qui y voit une preuve de l'efficacité du réseau scolaire à accompagner ces élèves à besoins particuliers.

«Avant, ces étudiants-là ne se rendaient pas (au cégep) en raison d'un manque de ressources ou de valorisation. C'est la démonstration que l'accompagnement qui a été fait au niveau secondaire donne de très bons résultats», a fait valoir le ministre Duchesne lors d'une conférence de presse au cégep du Vieux-Montréal.

Reste que ces étudiants ont besoin de soutien afin de poursuivre leur cheminement postsecondaire et obtenir un diplôme collégial, voire universitaire - d'où l'importance d'investir des sommes d'argent afin de leur permettre d'y parvenir.

Ainsi, dès 2013-2014, 3 millions $ seront injectés afin de renforcer le soutien aux étudiants collégiaux ayant des besoins particuliers, notamment ceux qui souffrent d'un handicap, ainsi qu'aux étudiants autochtones et issus de l'immigration.

L'année suivante, 2 millions $ provenant du Programme d'allocation pour des besoins particuliers s'ajouteront à ces sommes. Il ne s'agit pas ici d'argent neuf, mais bien d'une enveloppe qui sera dédiée aux établissements collégiaux et gérée par eux.

Même s'il aurait bien pris le double du montant débloqué jeudi par Québec, le président et directeur général de la Fédération des cégeps, Jean Beauchesne, a salué la contribution du gouvernement.

«Il y a quelques années à peine, on avait des étudiants pas toujours diagnostiqués qui ne voulaient pas nécessairement faire état de leur situation, mais qui avaient un déficit de services pour poursuivre leur parcours collégial. Alors on est sur la bonne voie», a plaidé M. Beauchesne.

La Fédération étudiante collégiale du Québec (FECQ) s'est également réjouie de l'annonce du ministre Duchesne. L'organisation considère le soutien aux cégépiens en difficulté comme l'un de ses dossiers prioritaires, a indiqué Éliane Laberge, présidente du regroupement.

«C'est un enjeu extrêmement important, a-t-elle indiqué. Le nombre d'étudiants qui ont des besoins particuliers (...) va aller en augmentant dans les prochaines années. Il faut donc être prêt à les accueillir toujours plus, ces étudiants-là.»

L'aide financière, qui découle des engagements pris à l'issue du Sommet sur l'enseignement supérieur, sera récurrente, a confirmé Joël Bouchard, l'attaché de presse du ministre Duchesne.