Des semaines d'incertitude se dessinent dans les écoles secondaires. Plusieurs enseignants, dont certains ont leur permanence depuis 5, 10 ou 15 ans, risquent de ne pas avoir de poste dans leur commission scolaire à l'automne.

Le nombre d'élèves au secondaire atteint un creux. Que ce soit en éducation physique, en mathématiques ou en univers social, des enseignants permanents, d'expérience, se retrouvent en «excédent de champ».

Non seulement il n'y a plus de poste pour eux dans leur école, mais il pourrait ne pas en avoir dans toute la commission scolaire.

Dans les pires cas, ils seront mis en disponibilité au bureau régional et ils pourraient devoir enseigner dans une autre commission scolaire.

La Commission scolaire de Montréal prévoit une diminution d'environ 300 élèves en septembre dans la trentaine d'écoles secondaires de son territoire.

Une vingtaine d'enseignants sont actuellement en excédent de champ, principalement en français langue seconde, en mathématiques et en sciences, indique le porte-parole Alain Perron.

1000 élèves de moins à Laval

À Laval, une quarantaine d'enseignants ont appris au cours des derniers jours qu'ils sont dans cette situation. On comptera 1000 élèves de moins l'an prochain, explique Jean-Pierre Archambault, porte-parole de la Commission scolaire de Laval.

Le portrait final ne sera toutefois connu qu'au début du mois de juillet. Des déménagements et des élèves en situation d'échec qui reprendront des cours pendant l'été font en sorte que les groupes vont fluctuer. Des enseignants devraient être rappelés.

«À la fin du processus, les enseignants mis en disponibilité devraient se compter sur les doigts d'une main», estime M. Archambault.

Des semaines de tension

Il reste que la situation est difficile à vivre pour ces enseignants. D'année en année, ce sont souvent les mêmes, souligne la conseillère syndicale Diane Fortin, du Syndicat de l'enseignement de la région de Laval.

Seulement en mathématiques et en sciences, 21 enseignants sont touchés actuellement.

Le syndicat est d'avis que la Commission scolaire met trop d'enseignants en disponibilité pour ses besoins réels. Ils vivent une grande tension pendant des semaines, avant d'être finalement rappelés, dénonce Mme Fortin. «La Commission scolaire joue de prudence, un peu trop à notre goût», dit-elle.

Pour éviter que leurs enseignants ne se retrouvent au bureau régional, certaines commissions scolaires essaient de leur offrir un autre poste, temporaire, mais adapté à leurs compétences.

«L'employeur essaie d'éviter que l'enseignant quitte définitivement la Commission scolaire pour aller travailler dans une autre, de façon à garder une certaine stabilité et une expertise dans ses écoles», explique Éric Gingras, vice-président du Syndicat de Champlain pour la section Marie-Victorin, sur la Rive-Sud.

Un enseignant en éducation physique au secondaire peut ainsi enseigner au primaire. Un permanent peut remplacer une personne en congé de maternité, une tâche habituellement attribuée à un enseignant en début de carrière.

«Nous ne prévoyons pas d'impact majeur chez nous», confirme Catherine Giroux, porte-parole de la Commission scolaire Marie-Victorin.

Elle précise qu'au cours des dernières années, la commission scolaire a «toujours réussi à replacer son personnel enseignant» et que ce devrait être le cas cette année encore, malgré une baisse de clientèle d'environ 300 élèves.

Les données du ministère de l'Éducation prévoient que le nombre d'élèves au secondaire recommencera à augmenter légèrement à partir de 2016.