Les lettres de l'alphabet et des étiquettes de mots affichées sur les murs égaient la classe. À leur pupitre, les élèves nomment des morceaux de vêtements qu'ils collent ensuite sur une feuille pour habiller un personnage. Une classe de débutants comme une autre.

Sauf qu'ici, ce sont des adultes de l'Amérique du Sud, de l'Afrique ou du Moyen-Orient qui reviennent sur les bancs d'école pour apprendre le français. Yudy Herrera est arrivée de Colombie il y a six ans. Son mari a trouvé un emploi. Ses deux plus vieux vont à l'école, son plus jeune est à la garderie. Elle peut maintenant se consacrer à apprendre le français.

«Je me sens un peu comme un petit enfant qui est à la maternelle et qui doit tout apprendre», confie celle qui était coiffeuse dans son pays d'origine.

Les adultes doivent faire preuve de persévérance. Au centre régional intégré de formation (CRIF) de Granby, les cours de francisation durent de deux à six mois. Les élèves apprennent les rudiments pour se débrouiller dans leur terre d'accueil, aller à l'épicerie ou au bureau de poste.

La formation en alphabétisation dure ensuite deux ans. Après quoi, ceux qui le veulent pourront poursuivre des études secondaires ou collégiales.

Le CRIF vient aussi de mettre sur pied un programme pour aider les immigrants à s'intégrer au marché du travail, avec un cours d'informatique de base et des stages en entreprise.

Enseigner à ces adultes représente un défi pour les professeurs de francisation. Certains avaient fait des études dans leur pays, d'autres ne sont jamais allés à l'école, explique Karine Malette, qui enseigne depuis quatre ans.

L'arrivée au Canada est souvent récente. Les souvenirs douloureux ne sont pas très loin, surtout pour ceux qui ont connu la guerre.

«Académiquement, c'est un grand défi pour mes élèves, mais psychologiquement aussi. Ça engendre toutes sortes de difficultés en classe et on n'est pas toujours outillés», reconnaît Karine Malette.