Décrié hier par le monde de l'éducation, le 9e classement des écoles de l'Institut économique de Montréal sera dévoilé demain. Malgré tous ces palmarès, ni la réussite, ni la persévérance scolaire n'ont augmenté au Québec, fait valoir Marc-André Deniger, du Centre de recherche et d'intervention sur la réussite scolaire (CRIRES).

Tant les commissions scolaires que les écoles privées, les comités de parents et la Centrale des syndicats du Québec ont brisé le silence entourant habituellement la sortie des palmarès. «Mal fondés et mal conçus», ces classements «associent la qualité des écoles au rendement de leurs élèves», ce qui est réducteur, selon M. Deniger. Une école peut faire de l'excellent travail avec des raccrocheurs, sans jamais espérer être au sommet des palmarès, a-t-il illustré.

Le chercheur s'est dit «inquiet de certains impacts négatifs des palmarès». Des écoles peuvent se mettre à «enseigner exclusivement pour faire réussir les tests», ce qui ne garantit pas une bonne éducation. «D'autres peuvent carrément se débarrasser des élèves qui ne sont pas assez performants.» Plutôt que de mettre les écoles en compétition les unes avec les autres, il faut les mettre en réseau pour qu'elles partagent leurs bons coups, a plaidé Réjean Parent, président de la Centrale des syndicats du Québec. Même le privé est prêt à faire sa part en accueillant davantage d'élèves en difficulté, «à condition qu'on ait des subventions pour leur donner des services», a dit Jean-Marc St-Jacques, président de la Fédération des établissements d'enseignement privés.

Piqué au vif, l'Institut économique a répliqué. «Nous tenons maintenant totalement compte du fait que les écoles font de la sélection, dit le directeur des communications, André Valiquette. On a mis un indice qui fait que le classement est transformé et que les écoles n'occupent plus le même rang qu'avant.» Même les variables socioéconomiques et la scolarité de la mère ont été considérées, annonce-t-il.

Le ton était plus dur à l'Institut Fraser, qui a publié son classement le mois dernier. «Leur attitude est décourageante, indique Tasha Kheiriddin, coauteure du palmarès. On penserait que ces personnes auraient à coeur le bien-être de leurs élèves et semble-t-il que ce n'est pas le cas. Apparemment, ils ont peur des évaluations.»