Un chapitre s'est clos dimanche à Lac-Mégantic avec la commémoration du triste premier anniversaire du déraillement et de l'explosion d'un train au centre-ville qui a emporté 47 personnes. Après la messe, la foule et les dignitaires ont marché devant la zone sinistrée. Et au bout du chemin, un nouveau chapitre s'est ouvert alors que des groupes de pression les attendaient avec des banderoles pour exiger une voie de contournement pour le train.

La messe qui a été célébrée par l'archevêque de Sherbrooke, Mgr Luc Cyr, s'est tenue en présence de nombreux dignitaires, dont le premier ministre du Québec Philippe Couillard et le gouverneur général du Canada David Johnston. Le premier ministre Stephen Harper était absent. Près de 400 places avaient été réservées pour les proches des familles endeuillées.

La cérémonie était également suivie par quelques centaines de Méganticois à l'extérieur de l'église où elle était retransmise sur écran géant. À l'extérieur comme à l'intérieur, plusieurs pompiers en uniforme ont formé une haie d'honneur. Il s'agissait pour la plupart des premiers répondants de partout au Québec et de l'État du Maine, qui étaient venus prêter main-forte aux pompiers de Lac-Mégantic l'an dernier.

Parmi ces pompiers se trouvait Denis Lauzon, directeur du service incendie, région de Lac-Mégantic. La veille, il avait indiqué à La Presse qu'il est en arrêt de travail depuis mars afin d'éviter de «frapper un mur», car il commençait à ressentir qu'un stress post-traumatique le guettait s'il ne prenait pas un peu de temps pour lui.

«C'est une page qui se tourne ce week-end, la première du livre de la reconstruction de Lac-Mégantic», a-t-il dit.

Dans la foule rassemblée à l'extérieur de l'église, Cyndi et Francis avaient emmené leur bébé de 4 mois. «C'est un moment charnière pour la communauté, a affirmé la femme. On a perdu nos repères depuis un an, on doit reconstruire le centre-ville, mais on le sait, que ça ne sera jamais comme avant.»

À la fin de la cérémonie religieuse, la mairesse de Lac-Mégantic Colette Roy Laroche et le premier ministre Couillard sont sortis devant l'église et ont déposé des gerbes de fleurs devant le monument commémoratif de la tragédie inauguré hier, un livre en granit où les noms des 47 victimes ont été gravés.

«Je vous souhaite de garder courage, de garder espoir et de continuer de croire que nous reconstruirons une ville plus belle que jamais», a déclaré la mairesse Colette Roy Laroche à la foule.

«Le travail de reconstruction, la protection de l'environnement, l'aide aux proches des victimes, tout cela va continuer pour redonner non seulement espoir, mais la vie réelle, et l'avenir pour Lac-Mégantic», a assuré M. Couillard.

Un deuxième chapitre

Une marche s'est ensuite amorcée sur le nouveau sentier en bois qui longe la voie ferrée et qui mène au centre sportif. Tout au bout, un deuxième volet de la reconstruction de Mégantic était prêt à s'ouvrir.

Une vingtaine de Méganticois se tenaient sur le trottoir avec des banderoles pour réclamer la construction d'une voie ferrée contournant le centre-ville pour éviter que le train transportant des matières dangereuses ne traverse de nouveau la ville.

Dans les derniers mois, Québec a tergiversé dans ce dossier. Une étude de faisabilité sera réalisée d'ici la fin de l'année et sera payée par la Ville de Lac-Mégantic, Québec, Ottawa et Fortress, l'entreprise qui a racheté la Montreal Maine&Atlantic à qui appartenait le train qui a déraillé.

«Les gouvernements ne sont pas assez sensibles, ils doivent moderniser les lois concernant le transport de produit dangereux pour qu'on vive en sécurité», a affirmé le citoyen Gilles Fluet, debout sur la voie ferrée.

Le chef de la Coalition avenir Québec, François Legault, qui était aussi présent, s'est engagé à talonner le gouvernement afin que le processus de reconstruction du centre-ville s'accélère.

«J'entends beaucoup de plaintes sur les délais qui sont très longs [...] c'est difficile de tourner la page quand on voit ce qu'on a, à Lac-Mégantic. Je ne peux pas croire qu'après 12 mois, on ne soit pas plus avancé que ça», a-t-il dit.

Andrés Fontecilla, co-porte-parole de Québec solidaire, a dit souhaiter une décision concernant la voie de contournement, quitte à ce que Québec en assume seul les frais. «Lac-Mégantic mérite cette voie de contournement et, si ce n'est pas le gouvernement fédéral qui le fait, ça devrait être Québec qui assume», a-t-il insisté.

Stéphane Bédard, chef parlementaire par intérim du Parti québécois, a de son côté défendu le travail accompli jusqu'à présent. «Il reste encore beaucoup à faire c'est clair, il faudra bien faire les choses [...] on est capable de faire de Lac-Mégantic un exemple au niveau de la reconstruction», a-t-il dit avant d'ajouter que l'ancienne première ministre Pauline Marois avait réalisé un travail «exemplaire».

«Il faut faire attention, ceux qui sont contents du travail ne se plaindront pas dans les médias», a-t-il ajouté.

M. Couillard et les huit ministres qui l'accompagnaient ont refusé de répondre aux questions des médias tout comme le ministre fédéral Christian Paradis.