Les partis de l'opposition ont accusé le gouvernement fédéral de négligence dans le dossier de Lac-Mégantic, jeudi, dans la foulée de nouvelles révélations de La Presse. Mais le premier ministre Stephen Harper les a mis en garde contre des conclusions trop hâtives. Il a plutôt renvoyé la balle à la société Montreal, Maine&Atlantic Railway (MMA), qu'il a accusée à son tour de ne pas avoir respecté les règles.

Des documents obtenus en vertu de la Loi sur l'accès à l'information démontrent que deux municipalités, Lac-Mégantic et Eastman, ont écrit à Ottawa pour se plaindre de l'entretien des rails par MMA, dans les mois précédant la tragédie qui a fait 47 morts l'été dernier.

Dans le cas de Lac-Mégantic, il s'agissait d'un talus endommagé par la pluie en 2008 qui n'a été réparé qu'en 2012, quelques mois avant le déraillement mortel et dans les semaines suivant la lettre envoyée à la société et à deux ministres fédéraux. À Eastman, le problème n'a toujours pas été réglé: il s'agit de savoir qui, de la société MMA ou de la municipalité, est responsable de l'entretien d'un pont.

Dans une résolution jointe à la lettre envoyée à Ottawa, le conseil municipal de Lac-Mégantic a même évoqué la possibilité d'une catastrophe humaine en raison des substances toxiques transportées sur les rails.

Autorisation exceptionnelle dénoncée

Cette nouvelle a fait bondir le chef du NPD Thomas Mulcair, hier, qui a dénoncé l'autorisation exceptionnelle donnée à MMA par Ottawa pour faire circuler ses trains avec un seul conducteur, contrairement à la norme habituelle de deux conducteurs, et malgré ces problèmes soulevés par la communauté.

«Comment ont-ils réussi à aller dans le sens contraire de la protection du public plutôt que d'écouter les avertissements? a tonné M. Mulcair.

«Peut-être que la ville n'aurait pas eu besoin de reconstruction s'ils avaient écouté les avertissements!», a-t-il ajouté.

«Il y a une enquête en cours sur cet incident, a répondu M. Harper. Il serait prématuré de suggérer, comme le fait le chef du NPD, qu'il connaît tous les faits, bien que ce que nous savons indique assez clairement que des règles n'ont pas été suivies.

«Ce gouvernement a fait des investissements significatifs dans le système ferroviaire, pour renforcer les règles de protection», a ajouté le premier ministre.

Le député libéral ontarien David McGuinty a contredit cette affirmation: «Il y a une vraie lacune de capacité au sein du ministère [en matière de sécurité ferroviaire], a-t-il lancé. Ç'a été tellement sous-financé qu'on voit que le ministère n'était pas capable de répondre aux questions et demandes légitimes de la communauté.»

-Avec la collaboration de Martin Croteau