Le procès de Luka Rocco Magnotta est parti sur les chapeaux de roue, lundi, après que l'accusé a admis avoir commis les actes qu'on lui reproche. Pourquoi tenir un procès alors? Parce que cette admission n'est pas un plaidoyer de culpabilité.

L'homme de 32 ans aura une défense de troubles mentaux à faire valoir, a annoncé son avocat. L'avocat veut démontrer que son client doit être déclaré non criminellement responsable de ses actes. On peut s'attendre à ce que des experts des deux parties viennent élaborer leur théorie.

Il reviendra au jury de trancher. Pour y arriver, les jurés doivent connaître les faits et les circonstances dans lesquels les actes ont été commis. Voici un bref survol de ce que le jury a appris cette semaine.

Tout est parti de la valise



C'est cette grosse valise grise, puante et couverte de mouches, dans un tas d'ordures près du 5720, boulevard Décarie, qui a attiré l'attention du concierge de cet immeuble, vers 10h, le matin du 29 mai 2012. Michael Nadeau pensait y trouver un cadavre de chien. En l'ouvrant, il a vu que c'était plutôt un torse humain.

La suite va de soi: 911, armada de policiers et rubans de scène de crime.

Ce sont les enquêteurs du SPVM Claudette Hamlin et Michel Bourque qui ont hérité de l'affaire, le 29 mai. Dans la journée, le vent et la pluie se sont mis de la partie. Une tente a été érigée pour fouiller les nombreux sacs à ordures à l'abri des orages, et des médias de plus en plus nombreux, a expliqué Mme Hamlin. Les policiers cherchaient des indices, voire les membres de la victime, et des pistes pour l'identifier.

Les 31 sacs qu'ils ont ciblés et fouillés révélaient un carnage. Vêtements, couvertures, couvre-matelas et serviettes imbibées de sang. Couteaux, ciseaux, scie électrique, eux aussi tachés de sang, ainsi qu'un chiot mort. Un sac contenait une jambe humaine sans pied. Un autre contenait l'autre jambe et deux bras, sans pied ni mains.

Plus tard, ils allaient apprendre que les pieds et les mains avaient été envoyés par la poste à deux écoles de Vancouver, ainsi qu'au Parti libéral et au Parti conservateur, à Ottawa. Les paquets contenaient des sacs-cadeaux noirs, du papier de soie rose et des notes manuscrites menaçantes. La tête serait pour sa part retrouvée presque momifiée, le 1er juillet, dans le parc Angrignon.

Sacs à ordures



Mais revenons à nos sacs à ordures, le 29 mai. Des appareils électroniques, dont un ordinateur portable et une caméra, de même que de nombreux documents s'y trouvent. Certains sont au nom de Luka Rocco Magnotta. Les enquêteurs pensent qu'il s'agit de la victime.

Ils apprennent que Magnotta est le locataire de l'appartement 208, de l'immeuble, le 5720, boulevard Décarie. L'appartement a été récuré, mais il reste de nombreuses taches de sang un peu partout, notamment sur le matelas.

Les policiers vont vite réviser leur position sur l'identité de la victime. D'une part parce qu'un film qui s'est mis à circuler sur l'internet (One lunatic...) montre des images qui s'apparentent à ce qu'ils voient sur la scène. D'autre part, parce que Magnotta apparaît bien vivant et très souvent sur les vidéos de surveillance de son immeuble. On le voit arriver avec un individu asiatique à 22h16, le soir du 24 mai. Le type ne réapparaît plus. Par contre, les vidéos montrent de nombreuses allées et venues de Magnotta par la suite. Dans la nuit et la journée du 25 mai, on le voit jeter quantité d'objets et sacs à ordures. Le soir du 25 mai, il sort une grosse valise grise, qui semble très lourde. Elle est identique à celle contenant le torse. À ce moment, les policiers ne savent pas encore que Magnotta est rendu en Europe. De fait, il s'est envolé le samedi 26 mai pour Paris.

Le procès se poursuivra lundi, avec la suite du témoignage de Mme Hamlin et la présentation des vidéos.