Le chef du Bloc québécois, Gilles Duceppe, lance un ultimatum au gouvernement Harper: il doit divulguer les documents non censurés concernant les détenus afghans au plus tard le 15 avril, à défaut de quoi son parti se retirera du comité spécial mis sur pied pour éplucher les milliers de pages.

Et ces documents devront être divulgués qu'il y ait une campagne électorale ou non, a affirmé hier le chef bloquiste à La Presse.

Le retrait du Bloc québécois de ce comité pourrait enlever toute crédibilité à l'exercice entrepris en juin 2010 par des députés du gouvernement conservateur, du Parti libéral et du Bloc. Le NPD avait refusé de participer aux travaux du comité, jugeant que cet exercice muselait les députés de l'opposition.

En entrevue, hier, M. Duceppe a dit ne pas comprendre pourquoi le gouvernement Harper persiste à mettre des bâtons dans les roues de l'opposition alors que l'on avait convenu de divulguer les documents au plus tard en janvier.

«Le processus s'alourdit et on ne comprend pas pourquoi. On a décidé que si d'ici le 15 avril, les documents ne sont pas rendus publics, on se retire du comité. Ce retard n'a aucun sens parce qu'on nous avait dit qu'en janvier, ce serait fait. Il y a maintenant une date butoir», a dit M. Duceppe.

«Je ne sais pas ce que feraient les libéraux et les conservateurs, mais notre retrait du comité l'affaiblirait politiquement et lui enlèverait sa crédibilité. (..) Nous voulons que les gens aient toute l'information. C'est important, surtout s'il y a une campagne électorale», a ajouté le chef bloquiste.

Longue bataille

Les trois partis de l'opposition se battent depuis des mois pour obtenir ces fameux documents non censurés puisqu'ils pourraient permettre, selon eux, d'établir si le gouvernement Harper était au courant que des détenus afghans capturés par les soldats canadiens risquaient la torture lorsqu'ils étaient remis aux autorités afghanes. Le gouvernement a toujours plaidé ne pas avoir sciemment transféré des prisonniers susceptibles d'être torturés.

Le 10 décembre 2009, les députés de l'opposition pensaient avoir réussi à forcer les conservateurs de Stephen Harper à rendre publics les fameux documents, en adoptant une motion à la Chambre des communes.

Mais il a fallu attendre une décision historique du président de la Chambre, Peter Milliken, en avril 2010, pour que le gouvernement soit reconnu coupable d'avoir porté atteinte aux privilèges parlementaires de l'opposition en refusant de donner suite à la motion.

Dans la foulée de cette décision, un groupe de parlementaires a été mis sur pied en juin 2010 pour passer à travers les milliers de pages d'information. Ces parlementaires ont prêté un serment de confidentialité afin de consulter les documents non censurés sans risquer de nuire à la sécurité nationale. Mais cela fait presque neuf mois que le comité a été mis sur pied et aucun document n'a encore été rendu public.