La police militaire canadienne a ouvert une enquête sur le cas d'un adolescent afghan qui aurait été abattu par erreur il y a trois ans durant un raid mené la nuit par des soldats canadiens.

Une porte-parole du chef d'état-major de la Défense, le général Walter Natynczyk, a confirmé mercredi après-midi qu'une enquête avait été lancée. Le major Cindy Tessier a assuré que l'enquête sera menée en profondeur.

Il s'agit d'une volte-face de la part du général Natynczyk, qui avait rejeté les allégations d'un ancien interprète de l'armée au sujet de la mort de Janan.

L'affaire avait été mise au jour il y a deux semaines par Ahmadshah Malgarai devant un comité de la Chambre des communes. Mais dans une lettre envoyée à un comité de la Chambre des communes, le général Natynczyk avait écrit que toutes les règles avaient été respectées lors du raid.

Un peu plus tôt au cours de la journée de mercredi, La Presse Canadienne rapportait que la famille de Janan réclamait du gouvernement fédéral une enquête complète sur ce qu'elle qualifie de chasse aux insurgés bâclée.

Au cours d'une entrevue, deux des frères de la victime, témoins oculaires de l'incident, ont raconté comment Janan, terrifié et sans arme, avait tenté de fuir les soldats étrangers avant d'être abattu.

Baryalai, qui, à l'instar de plusieurs Afghans, ne porte qu'un seul nom, a affirmé que ses frères et lui dormaient sur le toit de leur immeuble à Hazaragi Baba, village situé au nord-ouest de la ville de Kandahar, lorsque des soldats ont fait irruption en juin 2007.

Le bruit et les hurlements auraient apeuré Janan, qui se serait aussitôt mis à courir.

«(Janan) s'est levé (et) il était trop nerveux à cause de la situation, a relaté Baryalai par l'entremise d'un interprète. Il descendait les escaliers, (et) avant même qu'ils (les soldats) ne posent des questions, ils l'ont abattu.»

Devant le comité des Communes, il y a deux semaines, Ahmadshah Malgarai avait accusé les soldats d'avoir déposé une arme à côté du corps de leur victime après s'être aperçus de leur erreur.

M. Malgarai, un ancien interprète et conseiller culturel de la Force opérationnelle interarmées en Afghanistan du Canada, n'a toutefois étayé ses dires qu'avec des sources secondaires et ne disposait pas de preuves corroborant ses affirmations.

Quant à eux, Baryalai et Gulab, le deuxième témoin, ont admis ne pas avoir vu de soldat déposer une arme à côté du corps de leur frère.

Durant l'entrevue, Gulab a soutenu que son frère, âgé de 17 ans, avait été abattu à distance.

«Ils ont tiré sur notre frère à partir du toit de notre voisin», a-t-il avancé.

Dans sa missive, le général Natynczyk n'a pas identifié le soldat qui avait ouvert le feu, mais a indiqué que le tireur avait appuyé l'opération, sans en dire davantage.

Les tireurs d'élite et les membres d'unités spéciales figurent parmi les soldats souvent affectés à des rôles d'appui au cours d'opérations militaires.

Le père de Janan, Haji Akhtar Muhammad, se trouvait à Kaboul lorsque sa résidence à fait l'objet de l'incursion. Il a toutefois dit qu'on lui avait par la suite raconté qu'une arme avait été déposée à proximité du corps de son fils, puis photographiée en tant qu'élément de preuve. M. Muhammad n'a toutefois pas précisé l'origine de ses informations.

Il s'est dit d'avis que le gouvernement canadien devrait ouvrir une enquête complète sur les circonstances qui ont mené à la mort de Janan. Puis, suivant la culture pachtoune, Haji Akhtar Muhammad a demandé une compensation pour la perte de son fils et des revenus que Janan aurait fournis à sa famille.