Le niveau de la rivière Richelieu a monté de 16 cm, mardi, et devrait monter encore de près de 10 cm aujourd'hui. Malgré cela, les Forces canadiennes retireront une partie de leurs troupes aujourd'hui. Cette annonce a été mal reçue par les sinistrés de la Montérégie, aux prises avec les pires inondations depuis 150 ans.



Alors que 800 soldats étaient déployés depuis 13 jours dans 20 villes de la vallée du Richelieu, il n'en restera bientôt plus que 200.

Le commandant de la «force opérationnelle domestique», le lieutenant-colonel Simon Bernard, a expliqué qu'il y a une «capacité excédentaire» de soldats. Seulement 30% des militaires étaient sur le terrain, mardi. Les hommes en surnombre seront redéployés dès aujourd'hui à Valcartier, où ils seront mis en «haute disposition». «Ça veut dire qu'ils pourront revenir rapidement si le besoin s'en fait sentir, dit le lieutenant-colonel Bernard. Nous continuerons d'être efficaces et nous pourrons répondre à toutes les demandes.» Les véhicules lourds qui permettent de circuler dans les rues les plus inondées resteront d'ailleurs sur place.

Le maire de Saint-Jean-sur-Richelieu, Gilles Dolbec, reconnaît que cette nouvelle est «démoralisante» pour les sinistrés, qui espéraient que les soldats resteraient assez longtemps pour enlever les quelque 500 000 sacs de sable installés dans la région.

Résidant de la 57e Avenue à Saint-Paul-de-l'Île-aux-Noix, Claude Lemaire, 64 ans, dit qu'il est contrarié par le départ de l'armée, mais non surpris: «L'armée est arrivée avec deux semaines de retard. On a tout fait nous-mêmes. C'est sûr qu'ils ne savent plus quoi faire, maintenant! On aurait quand même aimé qu'ils restent pour nous aider à nettoyer. Mais j'imagine qu'il va encore falloir faire ça tout seuls.»

Voisin de M. Lemaire, Réal Rondeau explique que les soldats apportaient un sentiment de sécurité aux citoyens et que leur départ est inquiétant. «Leurs gros camions se rendaient jusqu'ici. C'était rassurant. Mais là... Qui va venir si on a besoin d'aide?»

Nouvelles évacuations

Évacué il y a deux semaines de sa petite maison de la rue Desranleau, à Clarenceville, Julien Desrosiers y est retourné vendredi dernier, croyant que l'eau allait baisser. Mais c'est tout le contraire qui arrive actuellement. Malgré tout, M. Desrosiers ne pense pas quitter de nouveau sa maison. «On m'avait forcé à partir, la première fois. Là, je reste», dit-il.

Le responsable des mesures d'urgence à Noyan estime quant à lui que certaines personnes qui ont regagné leur domicile devront repartir.

Selon le directeur régional de la Sécurité civile en Montérégie, Yvan Leroux, le niveau de la Richelieu devrait encore monter de 5 à 10 cm aujourd'hui. Sans parler de nouvelles évacuations, il a invité les sinistrés qui voudraient regagner leur maison à «être patients».