Les déclarations du président sortant de la FTQ-Construction selon lesquelles le crime organisé est présent dans toutes les sphères de la société - y compris dans la construction et les syndicats - ont suscité une véritable levée de boucliers dans des organisations syndicales concurrentes. Tour à tour, hier, la CSN-Construction et le Conseil provincial du Québec des métiers de la construction ont rejeté les affirmations d'Yves Mercure.

«Si M. Mercure considère qu'il doit faire le ménage dans son organisation, c'est son affaire», a déclaré Aldo Miguel Paolinelli, président de la CSN-Construction. «En ce qui nous concerne, notre fédération défend des principes de transparence, de justice et de démocratie syndicale. Nous n'avons rien à voir avec le banditisme.»

M. Paolinelli s'est dit «choqué» par les propos de M. Mercure. Il affirme qu'il n'a jamais été témoin de gestes de corruption depuis son embauche comme ouvrier, en 1990. Conscient de l'existence du travail au noir et du blanchiment d'argent, il martèle en revanche que de tels gestes n'ont jamais été commis de connivence avec des employés de son syndicat.

La FTQ-Construction - qui représente environ 70 000 travailleurs - fait les manchettes depuis deux ans en raison d'allégations d'irrégularités, de favoritisme et de liens entre d'ex-dirigeants du syndicat et des gens soupçonnés d'être proches du crime organisé.

Le président du Conseil provincial du Québec des métiers de la construction dit comprendre que les derniers mois ont été «très difficiles» pour la FTQ-Construction. «Mais de là à affirmer que les autres associations syndicales vivent les mêmes problèmes, il y a toute une marge», dit un communiqué diffusé hier par le syndicat.

«À ma connaissance, le Conseil provincial n'est pas infiltré par le crime organisé», a ajouté le président du syndicat, Donald Fortin. «Nous ne sommes pas naïfs au point de croire que nous sommes à l'abri de tout, mais nous demeurons vigilants, réévaluons fréquemment nos pratiques et interviendrons sans aucune hésitation si cela s'avère nécessaire.»

Mercure persiste et signe

Hier, Yves Mercure a confirmé à Radio-Canada qu'il ne briguerait pas de nouveau mandat l'automne prochain. Plus tard en soirée, il a répété à La Presse les propos qu'il avait tenus plus tôt à la télévision d'État en affirmant que le crime organisé est «partout», dans tous les secteurs de la société.

«C'est clair qu'il y a du blanchiment d'argent (dans le secteur de la construction), alors le crime organisé a intérêt à s'y joindre, à s'y infiltrer pour blanchir son argent», a-t-il affirmé.

M. Mercure estime qu'il n'y a pas plus de corruption à la FTQ-Construction qu'ailleurs. «Je dirais qu'il y en a un peu partout, donc je tiens pour acquis qu'il y en a également chez nous», a-t-il cependant précisé.