Estimant que «la situation s'aggrave», le maire de Montréal, Gérald Tremblay, demande une reprise rapide des négociations entre le gouvernement et les étudiants, «seule façon de mettre fin au conflit». Il a par ailleurs défendu le travail de ses policiers, critiqués pour leurs interventions musclées au cours de la fin de semaine.

«Je demande au gouvernement du Québec et aux étudiants de retourner au dialogue le plus rapidement possible. C'est la seule façon qu'on va trouver une solution concrète à ce conflit», a plaidé le maire, ce matin, au lendemain d'une nuit particulièrement agitée où plus de 300 personnes ont été arrêtées.

La chef du Parti québécois, Pauline Marois, a elle aussi lancé un appel à la reprise des pourparlers. «Il est urgent que le premier ministre prenne la mesure de ce qui se passe et prenne le temps de s'assoir avec les étudiants», a-t-elle dit à La Presse cet après-midi. «Je plaide pour qu'on revienne au vrai dialogue. On a dit que le premier ministre avait été trop loin avec sa loi, mais essayons de nous ressaisir, tout le monde. On a tous intérêt à ce qu'il n'y ait pas de violence. Au contraire, on doit la condamner», a poursuivi Mme Marois.

La chef de l'opposition croit même qu'une entente négociée pourrait permettre de suspendre la loi spéciale adoptée la semaine dernière pour mettre fin au conflit étudiant. «Il pourrait y avoir, à mon point de vue, une suspension de la loi 78 si on arrivait à une solution négociée.»

L'ancien premier ministre Bernard Landry estime que le gouvernement a «jeté de l'huile sur le feu» en adoptant la loi d'exception, vendredi. Même s'il juge que «le gouvernement a une lourde responsabilité» dans les manifestations violentes de la fin de semaine, il juge disproportionnées les scènes de violences vécues depuis vendredi. «Notre démocratie ne doit pas être victime de violences, de désobéissance, de quelque manière que ce soit. Les enjeux sont importants, mais pas au point de violer les lois.»

Tremblay défend ses policiers

Gérald Tremblay a tenu à défendre le travail de ses policiers et accuse les manifestants d'être responsables de leurs interventions musclées. «Ce ne sont pas nos policiers qui commencent, ce sont des manifestants qui profitent de ces occasions pour attaquer nos policiers.» Le maire a indiqué que les agents du SPVM avaient reçu une pluie de «projectiles, cocktails Molotov et boules de billard» avant d'intervenir.

Le maire a tout particulièrement défendu l'intervention de policiers à la terrasse d'un bar de la rue Saint-Denis, samedi soir. Des agents ont été filmés alors qu'ils aspergeaient les clients de gaz poivre. Le commerçant menace d'intenter une poursuite contre la Ville. Il dit avoir perdu des milliers de dollars de ventes et subi d'importants dommages en raison de l'intervention du SPVM.

«Les policiers ont juste fait leur travail d'attraper la personne qui avait commis un acte criminel. Quand on met le feu à Montréal, peut-on parler des manifestants qui font des actes de vandalisme? On met le feu à Montréal! s'est indigné le maire. Qu'est-ce que les policiers devraient faire? Rester passifs et permettre à ce casseur de revenir deux rues plus loin et de poser de nouveaux gestes de criminalité? Non, on n'a pas besoin de ça à Montréal.»

Gérald Tremblay implore de nouveau les manifestants de fournir leur itinéraire aux policiers avant de se rassembler. Il estime que cela permettrait d'éviter les débordements. Les policiers pourraient ainsi demander aux manifestants d'éviter des secteurs très fréquentés comme les rues commerçantes. «Pourquoi on fait une manifestation rue Saint-Denis? Évidemment que les casseurs vont se réfugier dans les commerces.»