Après une soirée de grâce, le SPVM pourrait commencer à appliquer la loi spéciale votée par l'Assemblée nationale dès ce soir.

Dans une note affichée sur son site Internet au cours de la journée, le Service de police de la ville de Montréal rappelle le contenu de la disposition, ainsi que celui du nouveau règlement municipal interdisant les masques dans les manifestations.

La note souligne ensuite que les policiers appliqueront ces deux mesures, mais suggère que les manifestants pacifiques pourraient être épargnés.

«Le SPVM tient à préciser qu'il appliquera la loi 78 et le règlement P-6 dans le respect, la transparence et avec discernement», expliquent les forces de l'ordre. «Le SPVM continuera donc à cibler les perturbateurs et il adaptera ses processus d'intervention dans ce sens.»

Hier, le service de police a renoncé à appliquer la loi spéciale.

«La loi 78 ne peut être appliquée ce soir (hier), car le SPVM doit s'assurer des modalités de son application avant», avaient affirmé les autorités par le biais de leur compte Twitter, un peu avant minuit.

Les étudiants s'adaptent sur le web

Loi spéciale oblige, la Coalition large de l'Association pour une solidarité syndicale étudiante (CLASSE) a retiré au moins temporairement de son site un calendrier des manifestations et actions de perturbation.

Depuis le début de la crise étudiante, cette plateforme faisait la promotion de tous les événements prévus chaque jour par différentes associations. La CLASSE affirme qu'il s'agit d'une plateforme ouverte et que les événements qui s'y trouvent ne sont pas nécessairement appuyés par son organisation. L'ex-ministre de l'Éducation Line Beauchamp l'avait néanmoins montrée du doigt lorsqu'elle avait exclu la CLASSE d'une première ronde de négociations, il y a presque un mois.

Le congrès de l'association, qui se réunit en fin de semaine, décidera du sort de la plateforme.

Le même jour, soit samedi, une plateforme anonyme de partage d'informations, inspirée de Wikipédia, a fait son apparition sur la toile. Les internautes à l'origine de l'idée promettent l'anonymat à quiconque désire mettre en ligne des informations concernant une manifestation, grâce à un processus informatique de soumission protégé.

«La loi 78 votée par le gouvernement Charest cause principalement un problème par le fait qu'elle rend les organisateurs coupables du simple fait d'organiser des manifestations, explique le site internet. Or la plupart des démonstrations qui ont eu lieu à Montréal et Québec ces derniers mois sont des manifestations spontanées.»

Les auteurs du site continuent sur un mode sarcastique: «Nous appelons la population à ne pas participer à ces manifestations. C'est précisément la raison de l'existence de ce site, permettre aux gens de savoir où ne pas aller. Notez bien que les manifestations continueront d'être déclarées illégales. Si vous vous trouvez par mégarde dans ces manifestations, nous recommandons de suivre les ordres de dispersion de la police.»