En multipliant les démarches devant les tribunaux, Tony Accurso cherche probablement avant tout à gagner du temps, répondent deux experts des commissions d'enquête.

Martine Valois, professeure adjointe de droit à l'Université de Montréal, estime que s'il décide de porter l'affaire en appel, Accurso a de bien minces chances de remporter cette manche. «Il demande ce qu'on lui a déjà refusé en l'empêchant de faire témoigner le responsable de l'UPAC, Robert Lafrenière. Il cherche à avoir la même chose, cette fois par des documents.»

Valois croit cependant qu'il reste des lapins dans le chapeau d'Accurso. «Ma prédiction, c'est qu'il va multiplier les requêtes devant la Commission pour pouvoir les contester par la suite. S'il doit témoigner en septembre, il risque, par exemple, de demander de témoigner à huis clos. Je pense que la Commission va refuser, qu'il va porter l'affaire en appel et qu'un nouveau round devant les tribunaux va s'amorcer. Pendant ce temps-là, il gagne du temps.»

Pour retarder le processus

«Je pense que l'on peut commencer à conclure qu'il y a ici une stratégie qui vise à retarder le plus longtemps possible sa comparution devant la commission Charbonneau», affirme Charles-Maxime Pannaccio, professeur à la faculté de droit de l'Université d'Ottawa.

«On peut dire que son avocat a quand même été imaginatif pour tenter de faire traîner ça assez longtemps.» Pannaccio estime aussi que les chances d'Accurso de remporter une victoire sont minces. «Il demande une divulgation de la preuve comme s'il était au criminel. Or, on n'est pas devant une cour pénale», rappelle-t-il.