La Commission Charbonneau a levé, lundi matin, l'interdit de publication qui avait frappé le témoignage de Laurent Gaudreau, promoteur du projet Tipi à Québec, qui a affirmé s'être fait demander une somme de 250 000 $ par Denis Vincent pour Jean Lavallée.

M. Gaudreau n'osait croire que cette somme lui avait été demandée par M. Vincent pour Jean Lavallée, ex-président de la FTQ-Construction qui siégeait aussi à la SOLIM, le bras immobilier du Fonds de solidarité de la FTQ.

«Je l'ai cru juste en dernière minute, parce que je ne pouvais imaginer qu'on (...) Il me dit »ça prend 250 000 $ pour Johnny«» (Lavallée), a raconté le témoin.

Laurent Gaudreau est ce témoin mystère, appelé «106» par la commission, qui avait témoigné sous ordonnance de non-publication le 14 novembre. Il avait relaté les péripéties de son projet de salle de spectacles au pied des chutes Montmorency, à Québec, et de production de spectacles sur la nordicité.

En 2004, le bras immobilier du Fonds de solidarité de la FTQ, la SOLIM, s'était engagé à investir 3 millions $ dans le projet Tipi. Mais le projet n'a finalement pas vu le jour et la SOLIM s'en est retirée, selon M. Gaudreau.

M. Gaudreau avait témoigné du fait qu'après maints délais, l'intermédiaire Denis Vincent lui avait demandé une somme de 250 000 $, faute de quoi son projet ne recevrait pas d'aide financière de la SOLIM. «Si tu ne fais pas ce que je dis, il n'y en aura pas de projet. C'est moi qui »runne« chez SOLIM», lui avait lancé Denis Vincent, selon M. Gaudreau.

Devant la commission, Denis Vincent a été décrit comme une relation de certains Hells Angels.

M. Gaudreau avait refusé de verser la somme à Denis Vincent. Plus tard, il s'en est enquis auprès de Jean Lavallée lui-même, et celui-ci a nié avoir demandé quoi que ce soit.

M. Gaudreau a aussi témoigné du fait que Denis Vincent se vantait de connaître «tout le monde, du promoteur immobilier à aller à Mme (Julie) Boulet qui était ministre à l'époque». Mme Boulet a été ministre des Transports, ainsi que ministre de l'Emploi et de la Solidarité sociale, dans le gouvernement libéral de Jean Charest.

Au fil du temps, M. Gaudreau s'est mis à avoir peur. «J'avais entendu beaucoup de choses sur ce qui se passait avec des acteurs comme Jean Lavallée, Denis Vincent, le milieu du crime organisé», a-t-il relaté.

«Souvent, j'étais convoqué à L'Onyx à Laval (restaurant qui a appartenu à l'entrepreneur Tony Accurso) avec Jean Lavallée, Denis Vincent, tout le monde. Puis quand on met le livre de Vito Rizzuto sur la table, puis qu'un dit à l'autre »hey, tu liras ça, c'est toutes nos chums«, ça fait réfléchir», a affirmé M. Gaudreau. Il a précisé que c'est Denis Vincent qui avait ainsi présenté l'ouvrage en question.

Finalement, M. Gaudreau a porté plainte à la police en décembre 2008, racontant toutes ses péripéties avec Denis Vincent. Et sur un autre plan, il a fini par conclure un règlement avec la SOLIM.