Bernard Trépanier a confirmé devant la commission Charbonneau qu'il recevait de l'information privilégiée de l'ex-directeur des travaux publics de Montréal, Robert Marcil. Le collecteur de fonds contactait ensuite les entrepreneurs pour leur annoncer qu'ils avaient obtenu un contrat.

Le procureur Denis Gallant a profité de la reprise du témoignage de Bernard Trépanier pour le questionner sur les relations qu'il cultivait. Il lui a fait admettre qu'il choisissait ses amitiés selon ce qu'elles pouvaient lui rapporter.

Quand est venu le temps d'expliquer sa relation avec Robert Marcil, Bernard Trépanier a raconté qu'il lui fournissait des informations sur les projets en développement et sur les noms des gagnants aux appels d'offres.

«Cette information aurait-elle dû être confidentielle?», a demandé Me Gallant.

«Peut-être. C'était un avantage que j'avais de le savoir», a fini par répondre le témoin.

Robert Marcil avait ainsi une double utilité. Il pouvait prévenir qu'un appel d'offres s'apprêtait à être lancé. Bernard Trépanier pouvait ensuite aviser les firmes de génie de se préparer. Puis, le haut fonctionnaire, qui siégeait à de nombreux comités de sélection choisissant les firmes, l'informait à l'avance du résultat des délibérations.

Fort de cette information, Bernard Trépanier dit qu'il appelait les entreprises pour les «féliciter» pour le contrat qu'elles venaient de décrocher... même si l'information n'était pas rendue publique avant deux à trois semaines.

Morrow nie la fausse facturation

Plus tôt devant la Commission, André Morrow a assuré ne pas avoir fourni une fausse facture à SNC-Lavalin pour être payé pour son travail auprès d'Union Montréal durant la campagne électorale de 2005. Il reconnaît toutefois avoir «peu ou presque pas travaillé» pour les 75 000 $ que la firme de génie lui a versés.

Le témoignage de Bernard Trépanier a été brièvement suspendu ce matin pour permettre à André Morrow de s'expliquer sur une fausse facture qu'un vice-président de SNC-Lavalin dit lui avoir payée pour le compte d'Union Montréal.

Lors de son témoignage la semaine dernière, Yves Cadotte a affirmé que le directeur du financement d'Union Montréal, Bernard Trépanier, lui a réclamé 200 000 $ pour le financement du parti pour l'élection de 2005. Incapable de trouver une telle somme en argent comptant, Cadotte dit avoir accepté de payer en décembre 2005 une fausse facture de 75 000 $ de Morrow Communications, qui a travaillé à la campagne du parti de l'ex-maire Tremblay. Le reste du montant a été versé en liquide dans une scène digne d'un film policier.

André Morrow nie avoir été au courant de ce «possible arrangement», lui qui dit avoir signé un contrat légitime avec SNC-Lavalin. «J'ai appris en même temps que vous le possible arrangement de 200 000 $. C'est la première fois que j'entends ça. Je suis tombé à terre. Si ça m'avait été présenté, j'aurais refusé, je me serais levé et je serais parti», a martelé André Morrow. Ce spécialiste de la communication a répété cette formule à une demi-douzaine de reprises ce matin.

«C'est pas pour payer des heures faites durant la campagne», a tenu à assurer André Morrow, président de Morrow Communications, firme proche d'Union Montréal.

Morrow avance qu'en novembre 2005, SNC-Lavalin lui a proposé un contrat de 75 000 $ pour avoir l'exclusivité de ses services en 2006. Or, l'entente signée entre Morrow Communications et SNC-Lavalin couvre l'année 2005. André Morrow dit ne pas avoir fait de cas de ce problème de dates, pensant à l'époque que la firme voulait simplement que la dépense soit attribuée à l'exercice financier 2005, plutôt que 2006.

Le témoignage de Morrow contredit celui de Cadotte sur plusieurs points. D'abord, celui-ci a clairement dit que la facture servait au financement d'Union Montréal. Il a aussi précisé que l'entente eut lieu au printemps 2005 et non novembre 2005, comme le dit André Morrow.

Fait particulier, un autre témoin entendu par la Commission, Marc Deschamps, a reconnu lundi avoir appelé André Morrow vendredi dernier «pour avoir l'heure juste» sur cette histoire de fausse facture.

Par ailleurs, une étudiante en visite parascolaire à la Commission a été interceptée en possession de drogue chimique. Alors qu'elle tentait d'entrer dans la salle d'audience, les agents responsables de la fouille des visiteurs ont découvert sur elle d'étranges pilules, ne servant visiblement pas à calmer les maux de tête. Une analyse de la substance sera effectuée pour en déterminer la nature exacte.