La femme de Marc Bellemare, Lu Chan Khuong, ne sera pas invitée à témoigner devant la commission Bastarache pour expliquer les circonstances qui l'ont amenée à découvrir la disquette contenant une copie de l'agenda de Marc Bellemare quand il était ministre.

«On est à la chasse aux témoins qui nous manquent et, en plus, on nous demande de gérer la boîte à surprises. On n'a pas besoin d'entendre Mme Khuong. On siège depuis six mois et le document nous arrive lundi matin; il est évident qu'il y a un élément de surprise là-dedans», a déclaré mercredi le porte-parole de la commission, Guy Versailles.

L'avocat de Me Bellemare, Me Rénald Landry, a surpris tout le monde lorsqu'il a annoncé, lundi, que son client avait retrouvé une disquette où se trouvait une copie de son agenda alors qu'il était ministre, en 2003 et 2004. Dans son témoignage, Me Bellemare avait soutenu qu'il n'avait aucune trace de son agenda mais, la fin de semaine dernière, sa femme, Me Khuong, bâtonnière de Québec, a retrouvé cette disquette dans une boîte de souvenirs.

M.Versailles a aussi indiqué que Paul Bégin, qui a été ministre de la Justice dans le dernier gouvernement péquiste, ira demain matin décrire le processus de nomination des magistrats avant l'élection du gouvernement Charest, au printemps 2003. Théoriquement, les audiences de la commission Bastarache pourraient donc se terminer dès demain. Il restera alors les plaidoiries des parties, prévus pour les 12 et 13 octobre.

«Processus»

Mercredi, les ex-ministres de la Justice Jacques Dupuis et Yvon Marcoux ont témoigné qu'ils n'ont jamais été la cible de pressions de membres du PLQ ou de collègues élus dans le choix de candidats à la magistrature.

En fin de séance, l'avocat de Me Bellemare, Raynald Beaudry a demandé sans succès pourquoi M.Marcoux avait finalement nommé un candidat qui avait été refusé lors du concours qui avait mené à la nomination du juge Marc Bisson à Longueuil, à la fin 2003. L'ex-ministre Bellemare avait déclaré qu'il avait été la cible d'intenses pressions de Franco Fava pour obtenir la nomination de ce fils d'un organisateur libéral de l'Outaouais. Alors aux Affaires municipales, Jean-Marc Fournier avait fait des démarches auprès de Me Bellemare pour que ce candidat, une de ses connaissances, soit nommé. Mercredi, M.Marcoux n'a pas nié avoir eu des représentations tant de Me Fournier que d'autres collègues du caucus. «Chaque fois, ma réponse était la même: il y a un processus.»

En matinée, Pierre Paquin, ancien chef de cabinet des ministres de la Justice Jacques Dupuis et Kathleen Weil, est venu raconter que son patron, M.Dupuis, lui avait expliqué qu'il devait transmettre au cabinet du premier ministre la liste des candidats jugés aptes à la magistrature, avec la recommandation du ministre. Plus tard, Me Dupuis a indiqué qu'il lui était arrivé de transmettre lui-même la liste des candidats aptes à Chantal Landry, responsable des nominations au cabinet de M.Charest. Il a même été consulté sur la nomination de juges, au moins une fois, quand il était ministre de la Sécurité publique.

MM.Dupuis et Marcoux ont insisté sur le fait que le Conseil des ministres a toujours avalisé les recommandations du ministre dans le cas des nominations qui leur sont passées entre les mains (une cinquantaine en tout).

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APRÈS LA DISQUETTE, LE PROCÈS-VERBAL

Un document qui pourrait démontrer que l'ex-ministre de la Justice Marc Bellemare n'a pas rencontré le premier ministre Jean Charest le soir du 2 septembre 2003, comme il le prétend, pourrait être examiné à la commission Bastarache, a appris TVA Nouvelles. Selon un reportage diffusé mercredi soir, le comité exécutif libéral de l'ancienne circonscription de M. Bellemare se serait réuni le 2 septembre 2003 de 19h à 21h en présence de l'ancien ministre. Le procès-verbal de la réunion, qui indique qui était présent à la rencontre, pourrait le confirmer. Or, M. Bellemare soutient qu'il a rencontré Jean Charest à Québec le 2 septembre de 19h30 à 21h, mais il n'y a pas de trace de cette rencontre dans l'agenda officiel du premier ministre. Une disquette trouvée récemment par la conjointe de M. Bellemare et qui contiendrait l'agenda électronique de ce dernier alors qu'il était ministre indiquerait plutôt le contraire. - Daphné Cameron