Guy Turcotte n'avait pas prévu de mourir le 20 février 2009, et il n'avait certainement pas l'idée de tuer ses enfants. Les actions et les achats qu'il a faits, ce jour-là, et la veille, démontrent qu'il avait des projets, qu'il se projetait dans le temps et qu'il avait à coeur le bien-être de ses enfants.

C'est, entre autres, ce que Me Pierre Poupart a fait valoir, jeudi, alors qu'il plaidait pour la troisième journée au procès de Guy Turcotte. Celui-ci est accusé des meurtres prémédités de ses enfants. Me Poupart soumet que plusieurs éléments montrent qu'il n'y avait rien de prémédité. La veille, le 19, M. Turcotte a acheté des médicaments sur prescription pour le petit Olivier. Le matin du jour fatidique, il s'est acheté un gros pot de protéines, parce qu'il «aimait ça prendre un shake après un entraînement, que ça dure plus longtemps et que ça revient moins cher», a souligné Me Poupart. 

M. Turcotte a fait le plein de sa voiture. Il a contacté une femme pour s'informer sur le régime d'accès à la propriété, car il était en train d'acheter une maison, dans le même quartier que son ancienne maison, où demeurait toujours son ex-conjointe, Isabelle Gaston. 

«On peut tirer des inférences tout à fait logiques de ces faits anodins. L'après-midi du 20 février, Guy Turcotte était aux antipodes de quelqu'un qui causerait la mort de ses enfants», a soutenu l'avocat.

Un meurtre au premier degré est un meurtre qui est commis avec préméditation et de propos délibéré.  «Vous allez vous faire dire que le projet n'a pas besoin d'être longuement mûri. Mais il y a une limite à cette brièveté», a lancé Me Poupart. Il admet par ailleurs qu'il y a une preuve «très forte» voulant que les enfants sont morts après que Guy Turcotte ait fini de parler avec sa mère, Marguerite Fournier, le soir fatidique. L'entretien a duré environ une heure, à partir de 20h40. Le discours de M. Turcotte était comme un testament, et sa façon de s'exprimer a donné l'impression à sa mère qu'il avait bu. M. Turcotte avait déjà entrepris de se suicider en buvant du lave-glace, est d'avis Me Poupart. Il n'y avait pas de sang sur le bouchon du bidon.

Depuis le début de ses plaidoiries, Me Poupart a repris presque tous les témoignages des 29 personnes amenées par la Couronne. En fin d'après-midi, jeudi, Il a commencé à aborder ceux de la défense. Il y en a neuf au total, et il restera ensuite les trois témoins de la contre-preuve de la Couronne. L'avocat a dit au jury qu'il voulait couvrir tous les angles pour les aider à prendre leur décision. L'exercice reprendra lundi, puisque le juge André Vincent doit officier dans une autre cause, vendredi matin. Un juré avait par ailleurs des examens à passer, toute la journée.

Rappelons que M. Turcotte admet avoir causé la mort d'Olivier, cinq ans, et Anne-Sophie, trois ans. Il a présenté une défense de non-responsabilité criminelle. Il souffrait d'un trouble d'adaptation avec anxiété et humeur dépressive. Le drame est survenu environ trois semaines après sa séparation d'avec Isabelle Gaston.