Des sacs à dos d'enfants sur un plan de travail, des films pour enfants près du téléviseur, des verres de jus sur la table du salon... Tout paraissait normal au rez-de-chaussée de la maison de Piedmont où résidait Guy Turcotte, le 21 février 2009. Mais là-haut, à l'étage des chambres, c'est une tout autre scène qui attendait les policiers.

C'est ce qui se dégage des premiers témoignages, hier, au procès de Guy Turcotte, jugé pour la deuxième fois pour les meurtres de ses deux enfants, Olivier, 5 ans, et Anne-Sophie, 3 ans.

Des photos troublantes

Avec le premier témoin, Daniel Fortin, technicien en scène de crimes de la SQ, le jury a visité l'extérieur et l'intérieur de la maison où s'est joué le drame, par le truchement de photos. Hormis la fenêtre par laquelle sont passés les policiers pour entrer dans la maison, il n'y avait pas de traces d'effraction. Il n'y avait rien de particulier, à première vue, au rez-de-chaussée, mais au second, il y avait un petit garçon et une petite fille, morts dans leur chambre respective. Leurs lits étaient imbibés de sang. 

Dans la salle de bain, il y avait une substance brunâtre dans le fond de la baignoire, un couteau taché de sang sur le rebord, un contenant de lave-glace, dans lequel il ne restait plus grand-chose... Dans la chambre principale, il y avait du vomi sur le lit et, par terre, une chemise et un verre. Il y avait également un téléphone sans fil qui, lui, n'était pas taché de sang. 

Le jury a pu voir une multitude de photos d'objets qui, pour l'instant, ne signifient pas grand-chose, mais dont l'importance sera établie à mesure qu'avancera le procès. La Couronne a décidé de commencer par l'aspect technique de sa preuve.

Le contexte

Lors de son discours d'ouverture, MMaria Albanese a fait un résumé plutôt exhaustif de la preuve que la Couronne entend présenter. Le drame est survenu dans un contexte de séparation, dans la maison que Guy Turcotte louait depuis environ trois semaines. Il était alors cardiologue. Il avait appris que sa femme, Isabelle Gaston, avait une relation extraconjugale.

Mme Gaston, la mère des petites victimes, sera parmi les premiers témoins, a annoncé la procureure. «Cette mère a vécu la pire chose au monde, l'horreur. Ses enfants ont été poignardés de 49 coups de couteau, par celui qu'elle avait choisi pour leur père. Imaginez dans quel contexte on replonge cette dame. Elle vit depuis six ans le deuil de ses enfants assassinés. Elle est extrêmement troublée et bouleversée. Elle témoignera tôt dans le procès, afin de lui permettre d'assister au procès si elle le désire, ou tout simplement de se retirer pour prendre soin d'elle.»

Le jury au procès est composé de cinq femmes et sept hommes.