Les cas, les hospitalisations et les décès liés à la COVID-19 continuent de monter en cette septième vague. Mais pourraient-ils être sur le point de se « stabiliser » ou d’atteindre un plateau ? C’est ce que suggèrent de nouvelles projections, soutenues par des experts, qui préviennent toutefois que la prudence demeure de mise avec l’arrivée de nouveaux variants.

« On peut penser que ça va bientôt se stabiliser. Mais on le sait : avec ce virus, il faut assumer qu’on ne sait jamais ce qu’il va arriver. Tout peut changer d’un coup. Personne n’avait prédit qu’on aurait une vague en plein été », affirme le DAndré Veillette, chercheur à l’Institut de recherches cliniques de Montréal (IRCM).

Mercredi, dans de nouvelles modélisations, l’Institut national d’excellence en santé et services sociaux (INESSS) a dit s’attendre dans les deux prochaines semaines à « une relative stabilisation du nombre de nouvelles hospitalisations ». Le nombre d’entrées à l’hôpital en lien avec le virus atteindrait « environ 160 par jour ».

L’Institut prévoit aussi « une stabilisation des lits réguliers occupés par des patients COVID ». Ce nombre se situerait « entre les niveaux 3 et 4 définis par le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) ». Aux soins intensifs, l’organisme gouvernemental prévoit aussi « une stabilisation des lits occupés par des patients COVID », qui demeureraient « bien en deçà du niveau 1 du MSSS », le moins élevé des paliers.

Pour l’instant, tous les indicateurs liés à la maladie demeurent toutefois à la hausse au Québec. L’analyse des eaux usées pointe aussi vers une hausse des cas de COVID-19 dans la plupart des grandes villes du Québec. Cela dit, les résultats des tests par PCR par tranche d’âge laissent présager que la 7vague pourrait bientôt plafonner. En effet, les cas semblent avoir atteint leur sommet chez les Québécois de moins de 60 ans. Par contre, la tendance est toujours nettement en hausse chez les 60 ans et plus, plus vulnérables et donc plus à risque d’être hospitalisés. La Santé publique fera le point ce jeudi sur la situation de la COVID-19.

Un virus et des variants « imprévisibles »

Selon André Veillette, « la réalité, c’est qu’il faut forcément que ça rebaisse avant que ça ne remonte ». « Cela dit, l’incertitude, c’est que ce n’est pas garanti non plus que la prochaine vague va être à l’automne. Est-ce que ça se peut qu’on l’ait dès la fin août ? Le virus en ce moment est vraiment très imprévisible », affirme-t-il dans la foulée.

Spécialiste des maladies infectieuses à l’Hôpital général juif, le DMatthew Oughton seconde. « Atteindre un plateau dans un horizon rapproché, c’est certainement possible, mais seulement s’il n’y a pas de facteur de transmission comme des évènements super-propagateurs qui viennent casser la tendance. Les projections sont des outils précieux, mais elles ne sont jamais 100 % certaines », nuance-t-il.

Des chiffres mis à jour par l’Institut national de santé publique montrent d’ailleurs que le variant BA.5 – qui représente désormais les deux tiers des infections aux États-Unis – représentait plus de 40 % des cas de COVID-19 au Québec à la fin de juin. Son petit frère, le BA.4, touche environ 16 % des infections, pendant que la souche BA.2.12.1 – qui avait jusqu’ici causé la hausse des cas au Québec – est en recul, et représente désormais 28 % des cas d’infection.

Un nouveau variant émergent, le B.A.2.75, qu’on surnomme Centaure, a également déjà été détecté dans une dizaine de pays. D’abord signalé en Inde, il a depuis fait son apparition au Canada, en Australie, au Japon, aux États-Unis, en Allemagne, au Royaume-Uni et aux Pays-Bas. On compte jusqu’ici quatre cas au Canada, mais aucun au Québec.

« On sait peu de choses sur le B.A.2.75 », a précisé mercredi l’Institut néerlandais pour la santé publique et l’environnement, ajoutant qu’il « semble pouvoir contourner plus facilement la défense construite contre le coronavirus SARS-CoV-2 grâce à de petits changements spécifiques ».

Au-delà de chacun des variants, leur multiplication signifie que le risque de réinfection est « très réel », constate Matthew Oughton. « On sait maintenant que les réinfections peuvent causer des hospitalisations ou des infections plus sévères. Il faut en être conscient dans le paysage actuel », soulève-t-il, recommandant que les plus vulnérables – dont les plus âgés et les malades chroniques – portent un masque lors de grands rassemblements, même extérieurs.

Hausse des hospitalisations et des cas

Les 11 nouveaux décès rapportés mercredi ont porté la moyenne quotidienne calculée sur sept jours à 11. La tendance est en hausse de 44 % sur une semaine. Le Québec a aussi signalé mercredi une augmentation de 104 hospitalisations. Les 1767 personnes hospitalisées actuellement représentent une hausse de 18 % sur une semaine. Aux soins intensifs, les 43 patients représentent une hausse de 8 % sur une semaine. Quant à eux, les 2164 nouveaux cas rapportés mercredi ont amené la moyenne quotidienne à 1591. La tendance est ainsi en hausse de 20 % sur une semaine. Enfin, la campagne de vaccination continue à progresser. Le Québec administre en moyenne 9500 doses par jour. Il s’agit principalement de personnes de 60 ans et plus venant chercher leur quatrième dose. À ce jour, 83,6 % des Québécois ont reçu deux doses, mais seulement 52,7 % trois et 15,1 % quatre.

Pierre-André Normandin, La Presse