Verrons-nous bientôt la fin de la sixième vague ? Pour un troisième été d’affilée au Québec, la COVID-19 montre des signes d’essoufflement, mais la contagiosité d’Omicron et de ses sous-variants incite les autorités à rester prudentes.

Depuis la fin des tests de dépistage publics, difficile de savoir où on en est avec la COVID-19. Le nombre de décès et d’hospitalisations offre certaines indications, mais pour l’essentiel, on a l’impression d’en être réduits au bouche-à-oreille pour avoir une petite idée du niveau d’infection. (Dans le genre : et vous, des gens parmi votre famille, vos amis, vos voisins ou vos collègues sont-ils frappés ?)

L’analyse des eaux usées – qui donne à faible coût un indice de la circulation du virus dans la population – semble source d’espoir.

Au gouvernement fédéral, la moyenne mobile sur sept jours de la charge virale mesurée au collecteur Nord de Montréal aussi bien qu’au collecteur Sud indique une accalmie, selon les dernières données publiées.

Les eaux usées de Montréal avaient bien montré le pic de janvier, au moment où tant de Montréalais tombaient au combat, puis une remontée en avril.

En mai, on revient grosso modo aux valeurs d’avril à octobre 2021 (comme à Toronto), tandis que la COVID-19 demeure plus présente à Edmonton et à Halifax.

« Les experts considèrent encore que nous sommes dans la sixième vague. Cette dernière n’est pas encore terminée, quoique tous les indicateurs sont en baisse importante », a répondu le ministère de la Santé et des Services sociaux.

De la sémantique

Tout ça finit par être une question de sémantique, estime André Veillette, chercheur à l’Institut de recherches cliniques de Montréal et membre du groupe de travail fédéral sur les vaccins contre la COVID-19.

En réalité, « la fin de la sixième vague sera peut-être sonnée quand commencera la septième vague », lance-t-il.

Étant donné que le variant actuel, Omicron, est extrêmement contagieux, il se peut fort bien, à son avis, « qu’il reste un certain nombre de cas, d’hospitalisations et de décès tout au long de l’été ».

Mardi, on en était à une moyenne quotidienne calculée sur sept jours de neuf décès ; 1181 personnes étaient hospitalisées.

La prudence des autorités s’explique aussi peut-être par le fait qu’aux États-Unis, à la mi-mai, les cas repartaient à la hausse. Selon les autorités de santé américaine, ces hausses seraient attribuables à la contagiosité de nouveaux sous-variants d’Omicron, au masque de moins en moins présent et au fait que s’étiole l’immunité conférée par la vaccination (qui date de plusieurs mois, dans bien des cas) ou par une infection précédente.

La Dre Rochelle Walensky, directrice des Centres pour le contrôle et la prévention des maladies, indiquait à la mi-mai qu’environ le tiers des Américains vivent toujours dans des régions affichant des taux de moyen à élevés de COVID-19.

Au Portugal, la propagation du sous-variant d’Omicron BA.5 – qui ne semble pas plus virulent que l’Omicron initial – laisse néanmoins présager une possible reprise épidémique en Europe.

En sortira-t-on un jour ? À cela, André Veillette n’a pas plus la réponse que quiconque. Tout au plus peut-on penser qu’il y a réellement « des cycles d’infection », avec des étés au Québec où l’on peut un peu mieux respirer.

Mais tout pointe à son avis vers une nouvelle campagne de vaccination à l’automne, vraisemblablement au même moment que la vaccination contre la grippe.

Ce pourrait être un vaccin à ARN contre la souche initiale de Wuhan, ou un vaccin à ARN qui aura été mis à jour pour mieux lutter contre Omicron, ou encore un vaccin à protéine. Rien de sûr pour l’instant.

Le 28 juin s’annonce une date importante pour les chercheurs. Aux États-Unis, ce jour-là, il y aura rencontre au sommet entre la FDA américaine et le comité consultatif américain sur les vaccins « pour discuter de la pertinence de modifier la composition des vaccins contre la COVID-19 et, si tel est le cas, de décider quelles souches devraient être sélectionnées pour l’automne 2022 ».

Avec la collaboration de Pierre-André Normandin

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  • 13 mars 2022
    Date officielle du début de la sixième vague, selon l’Institut national de santé publique du Québec