Où est-on le plus susceptible d’attraper la COVID-19 ? Si on y va totalement au hasard, tous bâtiments confondus, c’est dans les écoles que le risque est le plus élevé. Mais c’est au bureau que le risque d’infection est le plus élevé si on se trouve directement en contact avec une personne atteinte. Et au bureau comme à l’école, quand une distance de deux mètres n’est pas possible, le masque demeure la meilleure de toutes les stratégies.

Voilà quelques-unes des conclusions de chercheurs de Concordia – Leon Wang, professeur agrégé de génie du bâtiment, et les doctorants Ali Katal et Maher Albettar – dont les travaux viennent d’être publiés dans la revue spécialisée Sustainable Cities and Society.

Dans son article, le trio explique notamment la façon dont il s’y est pris pour mettre au point CityRPI, une carte interactive qui vise à calculer la probabilité d’infection à la COVID-19 par aérosols à l’intérieur de diverses catégories de lieux publics de Montréal (écoles, restaurants, moyens de transport, centres commerciaux, etc.).

Pour y arriver, les chercheurs ont créé un répertoire d’archétypes de bâtiments à partir de diverses données techniques qui étaient publiques, comme des normes de construction. Ainsi, pour les écoles, les chercheurs ne savaient pas précisément combien d’élèves s’y trouvent – ce qui influence le risque d’infection –, mais ont calculé combien d’élèves peuvent fréquenter une école d’une superficie donnée (superficie facilement mesurée à partir de cartes disponibles dans Google, notamment).

PHOTO FOURNIE PAR L’UNIVERSITÉ CONCORDIA

Leon Wang, professeur agrégé de génie du bâtiment

En entrevue, Leon Wang le reconnaît d’emblée : la carte présente un risque relatif qui n’a rien de la science exacte. Son outil comporte des limites, la première étant que, par rapport à la création de la carte en 2020, l’arrivée des tests rapides nous a éloignés plus que jamais d’un nombre réel de cas et même d’une estimation, aussi approximative soit-elle.

De plus, le modèle n’a pas pris en compte l’année de construction des écoles, pas plus qu’il ne peut tenir compte du niveau d’entretien des systèmes de ventilation ou du type de filtre utilisé dans les bâtiments.

N’empêche, croit le professeur Wang, aussi générales soient-elles, les données que son équipe a réunies peuvent aider les responsables de la santé, de même que le public, à formuler les meilleures stratégies pour réduire le risque de transmission en lieu clos, à un moment où les mesures sanitaires s’assouplissent et où les interactions sociales reprennent. Le but est donc de déterminer, par type de bâtiment, quelles sont les stratégies sanitaires qui donnent les meilleurs résultats.

L’un des principaux constats des chercheurs, c’est que les jours où il y a un pic d’infections, « la probabilité d’être infecté, peu importe le type de bâtiment, dépasse le risque acceptable », peut-on lire.

« C’est la raison pour laquelle, pendant ces périodes, des confinements ont été instaurés », signale Leon Wang en entrevue.

Pendant ces semaines-là, même avec les meilleurs systèmes de ventilation, même en limitant le nombre de personnes admises dans un édifice ou en réduisant le nombre de minutes que l’on y passe, « cela pourrait ne pas être suffisant », est-il écrit.

Bien sûr, on a continué d’aller à l’épicerie aux pires heures de la pandémie, « mais quand on y va, mieux vaut ne pas s’attarder et se masquer très sérieusement », souligne Leon Wang.

Il souligne avoir été d’ailleurs l’un des premiers à porter un couvre-visage – « Je me faisais regarder bizarrement dans les grandes surfaces ! » – en voyant monter les cas en Asie, puis en Europe, bien avant que chacun entre dans sa tanière en mars 2020.

(Et oui, malgré l’annonce de mercredi, Leon Wang indique que n’ayant pas eu récemment la COVID-19, il continuera de porter un couvre-visage dès que la distanciation n’est pas possible et qu’il y a attroupement là où il se trouve.)

Le masque en tête de liste

Autre conclusion des chercheurs : le masque et la réduction de moitié du nombre de minutes dans un lieu clos « constituent les meilleures stratégies [de réduction de la transmission de l’infection] dans la majorité des édifices », notamment dans les écoles, où les élèves sont nombreux et longtemps dans une classe fermée, ce qui expose de façon particulièrement importante les jeunes et le personnel scolaire. (L’ouverture des fenêtres est considérée par les chercheurs comme moins efficace que le masque et la réduction du temps en classe, les vents pouvant souvent être insuffisants pour faire une différence significative.)

Quant à la stratégie de doubler les taux de ventilation d’air extérieur – et ce, de façon mécanique, à partir des systèmes existants, quand ils offrent cette option –, les chercheurs émettent des réserves. C’est que la maximisation d’air frais « augmente aussi de façon significative les pics de demande de chauffage des édifices pendant l’hiver », ce qui coûte cher. Par conséquent, exception faite des salles de réunion, des restaurants et des modes de transport où cela présente des avantages, cette stratégie n’est pas celle qui devrait être priorisée.

Et le purificateur d’air portatif ? Toujours en ce qui concerne les salles de réunion, les restaurants et les modes de transport, il représente « la stratégie la moins efficace », écrivent les chercheurs.