(Coutts) Les agents de la GRC de l’Alberta ont été accueillis par de la colère et des cris scandant des « Non, nous ne partirons pas » alors qu’ils tentaient de persuader les manifestants campés à un poste frontalier américain de se déplacer vers un autre site.

« Nous n’allons nulle part. Il y en a d’autres qui viendront », a assuré un manifestant, Keith Alexander, qui faisait partie des dizaines de camionneurs et de leurs partisans stationnés sur l’autoroute au nord du passage à niveau de Coutts et à proximité de Milk River, en Alberta.

« Je suis ici pour mes enfants et je garantis que 90 % des gens qui sont ici le sont pour la même raison. Les policiers nous disent que nous devons aller dans un endroit plus approprié là-bas, a-t-il affirmé. Non, non, non, non. »

Les manifestants ont commencé un blocus à Coutts à la fin du mois dernier en solidarité avec des évènements similaires à Ottawa et ailleurs au pays pour protester contre la vaccination obligatoire contre la COVID-19 et les mesures de santé publique dans leur ensemble.

Ils avaient convenu de garder une voie de l’autoroute 4 ouverte dans chaque direction, mais des fermetures ont été mises en place à plusieurs reprises. Mardi soir, plusieurs tracteurs avaient de nouveau bloqué l’autoroute.

Une surintendante de la GRC, Roberta McKale, a déclaré qu’un site avait été sécurisé pour les manifestants à la limite sud de Milk River.

« Fin de l’histoire – ils doivent partir. Ce site n’est pas sécuritaire. Nous ne pouvons pas continuer ainsi et les gens doivent prendre des décisions qui sont bonnes pour eux-mêmes et bonnes pour la société », a ajouté Mme McKale.

« Il y a des conséquences à cela. Si c’est une contravention, c’est une contravention, a-t-elle dit. Les gens viennent ici en sachant que c’est illégal. C’est une décision qu’ils prennent ».

Mme McKale a ajouté que des véhicules longent l’autoroute et que des gens campent dans des fossés. Les barils en feu pour se réchauffer présentent un risque et les gens errent sur l’autoroute la nuit sans porter d’équipement réfléchissant.

Selon elle, certains ont même joué au hockey sur la route.

Mme McKale a affirmé que les officiers tentent de persuader les manifestants de se déplacer et que les contraventions demeurent une bonne option.

« Les gens devront éventuellement prendre des décisions sur l’endroit où ils veulent manifester. Nous leur avons fourni un site légal plus loin sur la route », a-t-elle ajouté.

Des heures de route pour venir manifester

Ed Miedema a conduit neuf heures depuis Barrhead, en Alberta, pour rejoindre le blocus. Il a dit qu’il s’attendait à une situation tendue, mais qu’il avait trouvé une atmosphère décontractée comme celle que l’on retrouve dans une petite ville.

« Nous sommes venus pour soutenir les gens qui sont ici et pour montrer notre frustration face à l’état de notre nation », a déclaré M. Miedema.

« Vous ne pouvez pas restreindre mon droit de conduire sur l’autoroute pour voir mes concitoyens albertains et mes concitoyens canadiens », a-t-il ajouté.

Brad Rabusic, de Taber, en Alberta, a déclaré qu’il était ravi de se joindre à la manifestation et qu’il n’allait pas partir.

Selon lui, « ils essaient juste de vous éloigner de plus en plus de la frontière. Je n’aurais jamais pensé que je ferais ça […] camper sur une autoroute, mais me voilà. »

Fin du passeport : pas suffisant

Le passeport vaccinal de l’Alberta a disparu, mais les manifestants promettent de demeurer à long terme sur l’autoroute menant au principal poste frontalier américain de la province.

Ceux qui croyaient que l’annonce, mardi, par le premier ministre Jason Kenney d’abolir la mesure de santé publique à minuit et de supprimer la plupart des autres règles en Alberta d’ici le 1er mars mettrait fin à la manifestation près de Coutts, en Alberta, ont rapidement été détrompés.

« Nous sommes ici pour la vue d’ensemble. Cela a commencé avec la frontière, cela a commencé avec Trudeau et d’ici à ce que Trudeau bouge, nous ne bougerons pas », a déclaré John Vanreeuwyk, un exploitant de parc d’engraissement de Coaldale, en Alberta.

M. Vanreeuwyk a déclaré qu’il était reconnaissant des mesures prises par M. Kenney, mais qu’il était en colère que les gens doivent toujours porter un masque.

« Dans l’ensemble, c’est décevant. Oui, il y a eu du bon qui en est ressorti, mais même pas 10 %. »

Une longue file de camions prenait place mercredi au point de passage principal de l’Alberta vers les États-Unis tandis que les manifestants opposés aux restrictions liées à la COVID-19 bloquaient à nouveau l’autoroute menant au village frontalier de Coutts.

Les manifestants ont tiré du matériel agricole ainsi que plusieurs gros tracteurs sur les voies de l’autoroute 4 qui avaient été rouvertes mardi soir.

Plus de 70 camions attendaient mercredi de passer le poste de contrôle de la GRC au nord du village, tandis que près de 30 camions transportant du bétail étaient arrêtés avant la ville de Milk River, à environ 20 kilomètres de la frontière.

« Du jour au lendemain, des manifestants ont bloqué l’autoroute 4 nord et sud à Coutts, ce qui a entraîné d’importantes perturbations de la circulation. Nous devons à nouveau détourner le trafic frontalier », a déclaré le caporal de la GRC Curtis Peters.

« En particulier avec les camions de bétail, s’ils ont du bétail à bord, nous leur donnons un avertissement qu’ils doivent se dérouter plutôt que d’être retenus pendant une durée indéterminée », a-t-il indiqué­.

Depuis le début de la démonstration, les manifestants ont fermé et ouvert les voies de l’autoroute 4 par intermittence.

« Ils ont tout perdu »

Les personnes impliquées dans la manifestation se tenaient autour de barils en feu pour se réchauffer. Des dizaines de camions, remorques et voitures bordaient les deux côtés de l’autoroute. Une génératrice fournissait de l’électricité et le moral était au beau fixe.

« Nous avons des gars ici, ils ont tout perdu à cause de (ces règles) et ils n’abandonnent pas, ils sont prêts à tenir bon et à continuer jusqu’à ce que ce soit fait », a déclaré M. Vanreeuwyk.

« Plus les politiciens poussent fort, plus cela va prendre de l’ampleur. »

L’impasse a bloqué les voyageurs et les camionneurs transfrontaliers, compromis des millions de dollars en commerce et entravé l’accès aux biens de base et aux services médicaux pour les résidants de la région.

Le maire de Coutts, Jim Willett, avait espéré que le gouvernement provincial irait plus loin dans son annonce et ne s’attend pas à ce que les choses reviennent à la normale dans un avenir rapproché.

« Je suis un peu inquiet de ce que sera la réaction », a dit M. Willett.

« Laisser le port du masque jusqu’au 1er mars ne rendra personne heureux non plus, quiconque dans le groupe de protestation ou dans l’Alberta rurale ne sera probablement pas content de cela. »

M. Willett a déclaré qu’il continuerait à rencontrer les camionneurs et espère que les choses resteront polies.