L’exaspération face aux mesures sanitaires a beau gagner la rue, il est encore beaucoup trop tôt pour les retirer complètement, comme le réclament les manifestants qui ont envahi Ottawa et qui s’apprêtent à faire de même à Québec.

Le ministre fédéral de la Santé, Jean-Yves Duclos, a fait le point sur la pandémie, vendredi, en compagnie des administrateurs de la Santé publique, les docteurs Theresa Tam et Howard Njoo, et tous trois ont fait valoir que la situation demeure difficile, particulièrement dans l’Ouest.

« L’Ouest du pays n’est pas encore arrivé à un plateau — le Manitoba, la Saskatchewan, l’Alberta, la Colombie-Britannique », a expliqué le ministre Duclos.

« Ils sont un petit peu décalés par rapport à ce qu’on a vu au Québec et en Ontario », a-t-il indiqué, ajoutant quand même une note d’optimisme en précisant que la croissance des hospitalisations dans ces provinces ralentit même si elle n’a pas encore atteint son paroxysme. « On est positifs, on est optimistes que les choses vont aller mieux », a-t-il avancé.

Interrogée quant à savoir si la Saskatchewan et l’Alberta, qui ont annoncé des allègements de leurs mesures sanitaires, allaient trop vite, la docteure Tam n’a pas voulu s’avancer, estimant que les provinces sont les mieux placées pour déterminer la capacité de leur réseau hospitalier.

Situation critique malgré la baisse

Même au Québec, a noté le ministre Duclos, la situation demeure critique malgré la diminution des hospitalisations constatée ces dernières semaines. « C’est toujours bien au-delà — autour de 2600 hospitalisations au Québec — de ce que le ministre (Christian) Dubé avait signalé comme étant un niveau acceptable en décembre. »

À l’échelle nationale, plus de 10 000 personnes sont traitées chaque jour dans les hôpitaux, y compris plus de 1100 aux soins intensifs, et on signale plus de 140 décès quotidiennement, a fait valoir la docteure Tam.

Quant à la montée du sous-variant Omicron BA.2, le docteur Njoo a indiqué qu’il représentait environ 8 % des nouveaux cas, mais si l’on estime qu’il est probablement plus contagieux que l’Omicron lui-même, les données sont encore insuffisantes pour en déterminer la virulence ou la résistance potentielle aux vaccins.

Du côté de la vaccination, on a pu apprendre que 85 % Canadiens de tous les âges ont reçu une première dose, 79 % deux doses et 50 % ont reçu une dose de rappel. Chez les 5 à 11 ans, toutefois, seulement 55 % ont reçu une première dose.

Le ministre Duclos a par ailleurs annoncé la création d’un poste d’Infirmière (ou Infirmier) en chef du Canada qui « représentera non seulement les intérêts importants des infirmières et des infirmiers à l’échelle nationale, mais contribuera également de manière substantielle aux travaux et aux décisions » de Santé Canada.

400 000 morts sans vaccins et sans mesures

« C’est sûr que tout le monde est tanné, moi aussi, avec ce qui se passe avec la COVID-19 et tout le monde veut des assouplissements des mesures de santé publique, mais si on assouplit les mesures de santé publique trop rapidement, il y a toujours un risque de voir par la suite une recrudescence des conséquences graves des hospitalisations et des morts », a fait valoir le docteur Njoo.

Jean-Yves Duclos a profité de l’occasion pour faire part des résultats d’une étude réalisée par Santé Canada qui a conclu que « si on n’avait pas eu de vaccin contre le variant Delta en 2021 et qu’on n’avait pas non plus mis des mesures de santé publique — le masque, la distanciation physique et ainsi de suite — à partir de juillet 2021, on aurait eu 400 000 morts au Canada en date de l’automne 2021. Évidemment, personne n’aurait pu tolérer 400 000 morts au Canada. »

Ces conclusions viennent déboulonner, selon lui, le discours de ceux parmi les manifestants qui sont à la fois opposés à la vaccination et aux mesures sanitaires. « La seule façon d’éviter le confinement, de s’assurer une vie plus normale, c’est d’être pour la vaccination. […] Être contre la vaccination et contre les mesures de santé publique, ça n’a pas de sens. »

Il aurait fallu, dit-il, des mesures de confinement « extrêmement sévères » en l’absence de vaccination, ce qui aurait nui encore davantage au climat social et à l’économie. « Ce qu’on voit comme mesures de confinement, le couvre-feu au Québec, des fermetures, tout ça ç’aurait été de la petite bière par rapport à ce qu’on aurait eu besoin de faire en l’absence de cette chance que nous avions eue de pouvoir vacciner autant de Canadiens. »