Le nombre de cas de contaminations au Canada semble avoir atteint son sommet et même commencé à descendre, mais il faudra attendre « encore quelques semaines » avant de voir le même phénomène du côté des hospitalisations.

« Les premières indications montrent que les infections pourraient effectivement avoir atteint un sommet à l’échelle nationale », a déclaré le docteur Howard Njoo lors d’un point de presse virtuel vendredi en compagnie de sa collègue, l’administratrice en chef de la santé publique du Canada, Theresa Tam.

« Cependant, le nombre quotidien d’hospitalisations et de personnes aux soins intensifs continue de monter en flèche. De nombreux hôpitaux au Canada sont soumis à une forte pression », a-t-il rappelé.

En faisant le point sur la situation à l’échelle nationale, les docteurs Tam et Njoo ont notéqu’il y a toujours 6,5 millions de Canadiens qui n’ont pas encore reçu une première ou une deuxième dose de vaccin contre la COVID-19.

« C’est toujours une opportunité pour le virus de continuer à circuler », a déploré Howard Njoo, suggérant que « pour motiver (les non-vaccinés) il faut peut-être donner certains privilèges aux personnes vaccinées pour entrer dans les espaces publics, les restaurants. »

« C’est un moyen », a-t-il avancé, une idée qui a déjà été mise en œuvre au Québec avec le passeport vaccinal.

Hospitalisations en hausse, infections en baisse

Les chiffres dévoilés vendredi donnent le tournis : la semaine dernière, 10 000 personnes étaient traitées chaque jour dans les hôpitaux canadiens, un sommet jamais atteint durant les vagues précédentes, et 1100 se trouvaient aux soins intensifs. De plus, la moyenne de décès quotidiens se chiffrait à 131 personnes.

La mortalité très élevée n’est toutefois pas attribuable à la virulence du variant Omicron, mais bien au fait que la transmissibilité de ce variant ait mené à une explosion du nombre de cas, a soutenu Theresa Tam. « C’est à cause du volume important de cas. Au début de la vague Omicron, celle-ci était très concentrée chez les jeunes adultes. Il s’est ensuite répandu dans les autres groupes d’âge. La vaste majorité des cas sévères se trouve donc toujours chez les personnes âgées, les personnes de plus de 60 ans. Il y a aussi des cas d’atteinte sévère chez des enfants, mais ils sont encore très rares », a-t-elle précisé.

Le nombre d’hospitalisations et d’admissions aux soins intensifs « continue de monter en flèche », a déclaré le docteur Njoo, disant s’attendre à ce qu’un plateau et une diminution graduelle ne surviennent que plus tard, en février.

À l’opposé, le nombre de nouvelles infections quotidiennes a diminué de 28 %, mais les docteurs Tam et Njoo estiment que le nombre véritable de cas est sous-estimé en raison d’une capacité de dépistage qui est dépassée par le nombre de cas.

Aéroports : maintien du dépistage systématique

La santé publique fédérale n’entend pas pour l’instant recommander de revenir au dépistage aléatoire dans les aéroports.

« On voit que les taux de positivité ont augmenté depuis plusieurs semaines. […] C’est très important pour la surveillance, parce que ce n’est pas seulement une question de diagnostiquer les voyageurs individuellement, mais aussi pour détecter peut-être un nouveau variant », a expliqué Howard Njoo.

Il n’a pas voulu se prononcer par ailleurs sur les disparités de règles sanitaires et leur assouplissement d’une province à l’autre, faisant valoir que l’étendue du territoire canadien impliquait des situations différentes pour lesquelles il fallait s’en remettre aux autorités de santé publique de chaque province.

Planifier pour l’avenir

Disant vivement espérer entrer dans une nouvelle phase d’ici la fin de février, Theresa Tam a fait valoir qu’il était temps de planifier dès maintenant.

« Nous devons nous concentrer sur nos objectifs de réduire les maladies graves, la mortalité de même que réduire les perturbations sociales. Cet équilibre reste à trouver. Il ne fait aucun doute que plus personne ne veut voir toutes ces mesures contraignantes et Omicron pourrait nous avoir rapproché, ou pas, de cette nouvelle réalité », a-t-elle dit.

« Peut-être plus tard faudra-t-il examiner quel est l’équilibre pour la capacité du système de santé à être prêt pour une prochaine pandémie », a avancé le docteur Njoo, soulignant à plusieurs reprises que la pression était insoutenable dans plusieurs hôpitaux.

Traiter la COVID comme la grippe ?

Les deux médecins ont dit croire que la COVID sera présente à long terme après la vague actuelle, mais qu’elle pourrait éventuellement devenir une infection respiratoire comme d’autres.

« L’opinion globale à ce point-ci est que le virus Omicron sera avec nous longtemps et nous devons adopter une approche à plus long terme en ce qui a trait aux stratégies vaccinales », a avancé la docteure Tam.

Songer à une quatrième dose s’il le faut fait partie des scénarios, a-t-elle dit, mais il n’est pas impossible, non plus, que l’on considère un jour la vaccination annuelle contre le coronavirus de la même façon que celle contre la grippe. « Tout le monde peut comprendre que, pour l’influenza par exemple, c’est devenu un vaccin annuel depuis des décennies. Des doses répétées sur le cours d’une vie ne sont pas vraiment une préoccupation », a-t-elle fait valoir.