Le projet-pilote « COVID à domicile » de l’Hôpital général juif pourrait permettre d’alléger le fardeau sur les hôpitaux

Jusqu’à 50 patients atteints de la COVID-19 pourront prochainement être retournés à la maison dans une « unité de soins virtuelle » et soignés à distance plutôt que d’être traités directement à l’Hôpital général juif de Montréal. Le programme « COVID à domicile » lancé la semaine dernière permettra entre autres de réduire le nombre de patients hospitalisés et de diminuer la pression sur l’hôpital.

Ce projet-pilote est une première au Québec et, jusqu’à maintenant, un seul patient y a participé. Tous les patients atteints de la COVID-19 ne sont pas admissibles à être ainsi soignés à distance. Ils doivent notamment être stables et exiger une courte période de suivi. En plus de recevoir des traitements médicamenteux, certains recevront un traitement d’oxygénothérapie à domicile.

Préférablement, ces patients doivent habiter sur le territoire du CIUSSS du Centre-Ouest-de-l’Île-de-Montréal, « dans l’éventualité où certains services, comme des visites de soins à domicile, devraient être fournis », indique le porte-parole du CIUSSS, Barry Morgan. Ils doivent aussi vivre avec quelqu’un pouvant les assister dans leurs soins.

M. Morgan a expliqué par courriel que ce projet de l’Hôpital général juif s’inscrivait dans la vision « d’offrir des “soins partout”. Dans le cadre de cette initiative, certains patients infectés par la COVID-19 pourront être transférés [vers un] hôpital à leur domicile. En effet, ces patients sont intégrés à une unité virtuelle où leur santé et leur bien-être font l’objet d’un suivi par une équipe virtuelle d’infirmières, de médecins et d’inhalothérapeutes. »

Suivi à distance

Avant de faire partie de ce programme, tout patient doit donner son consentement et reçoit une formation « sur l’utilisation de la technologie numérique ». Avant de quitter l’hôpital pour la maison, ces patients sont informés de la façon de contacter leur infirmière virtuelle, qui est joignable 24 heures sur 24, 7 jours sur 7. « Un téléphone intelligent sera même prêté à tout patient qui n’en possède pas encore un », indique M. Morgan.

Chaque patient soigné à domicile porte « un dispositif au poignet (semblable à une montre), un patch qui adhère à la poitrine ou une sonde de saturation en oxygène, qui permettent de mesurer régulièrement les signes vitaux ». Ces appareils sont reliés virtuellement à l’équipe de soins, qui peut suivre à distance l’état du patient.

Le médecin et l’infirmière responsables de l’unité virtuelle communiquent « avec le patient par téléphone ou par le biais d’une plateforme virtuelle pour s’assurer de ses progrès », note M. Morgan.

L’Hôpital général juif compte suivre étroitement le développement de ce projet-pilote et augmenter graduellement le nombre de participants « pour atteindre un nombre d’environ 50 patients ».

Pour éviter la surcharge des hôpitaux

La cinquième vague de COVID-19 alimentée par le variant Omicron au Québec a fait bondir le nombre de patients hospitalisés. Ils étaient 3417 à occuper un lit d’hôpital dans la province, mardi.

Le réseau de la santé multiplie les initiatives afin d’alléger le fardeau de ces patients atteints de la COVID-19 sur les hôpitaux, a expliqué la sous-ministre à la Santé, la Dre Lucie Opatrny, en point de presse mardi. Elle a par exemple indiqué que des congés étaient donnés de façon plus serrée et que les soins à domicile étaient accentués. La Dre Opatrny a cité en exemple le projet de l’Hôpital général juif.

L’objectif de ces mesures est d’éviter d’activer le « Guide pour la priorisation et la gestion des hospitalisations en courte durée » au Québec. Ce Guide serait déployé si les hôpitaux devenaient si submergés qu’ils seraient incapables de traiter tous les patients s’y présentant.

PHOTO ROBERT SKINNER, LA PRESSE

Banderole invitant à aplatir la courbe des hospitalisations devant l’Hôpital général juif

Aux yeux du Dr Matthew Oughton, spécialiste des maladies infectieuses à l’Hôpital général juif, ce projet de « COVID à domicile » est très « innovateur » et constitue « certainement un moyen d’augmenter la capacité de soins pour les personnes qui en ont et qui en auront besoin ».

Qu’on soit clair : ce n’est pas juste d’envoyer des gens à la maison avec de l’oxygène. Il y a beaucoup de surveillance qui se fait, et plusieurs technologies qui sont impliquées. C’est aussi offert à des patients selon des critères stricts.

Le Dr Matthew Oughton, spécialiste des maladies infectieuses à l’Hôpital général juif

« Il faut par exemple que le monitoring lié à tout ça puisse se faire facilement avec le patient, et que celui-ci puisse rapidement revenir à l’hôpital en cas de besoin. Tout ça est pris en compte », précise le Dr Oughton.

Il affirme que ce projet « a beaucoup de potentiel », surtout dans l’optique où il permettrait de « collecter des données intéressantes » sur les soins à domicile pour l’avenir du monde médical québécois. « C’est particulièrement intéressant quand on sait que le réseau de la santé est déjà sous forte pression, et qu’on doit livrer des soins en s’adaptant constamment à ce qui change autour de nous », fait valoir le médecin, qui suivra de près les développements du projet, sans toutefois être « directement impliqué » dans celui-ci au quotidien.