Il est de retour et il ne fait pas l’unanimité : le couvre-feu annoncé par le gouvernement Legault jeudi a poussé les Montréalais à profiter d’une dernière soirée de liberté à l’extérieur. Si certains s’en accommodent, beaucoup s’insurgent contre les nouvelles restrictions.

Ils se souviennent tous des courses précipitées pour rentrer chez soi avant le couvre-feu. Des épiceries et pharmacies achalandées pour faire les dernières emplettes avant l’heure fatidique.

Ce léger stress est de retour comme un boomerang. « Un boomerang qui vient te frapper en pleine face et qui te casse le nez », affirme Sergio Lamarre, qui se dirige vers le restaurant Grinder, dans le sud-ouest de la ville.

Ses plans du jour de l’An sont à l’eau. Finis les soupers entre amis qui lui permettaient de tenir le coup en ces temps difficiles, explique-t-il.

« Rendu là, les bars et les restos sont fermés. Où veux-tu que j’aille, passé 22 h ? », demande-t-il.

Exaspération

Emma, une Française venue s’installer à Montréal au début de la pandémie, fait part de son exaspération au sujet du couvre-feu. Elle comprend mal comment il se fait que des gens asymptomatiques atteints de la COVID-19 puissent aller au travail, alors que d’autres ne pourront sortir se promener entre 22 h et 5 h.

C’est complètement inutile. En même temps, les mesures sont devenues contradictoires, alors une restriction de plus ou de moins…

Emma, à propos du couvre-feu

Le Rouge Gorge, bar à vin de l’avenue du Mont-Royal, est bondé. Ils sont plusieurs à profiter de leur dernière soirée au restaurant, à siroter un verre en discutant de tout et de rien pour chasser la grisaille.

« Je me sens vraiment chanceuse ! », s’exclame Nathalie Vidal. Elle savoure une dernière gorgée de vin avec une amie de longue date. L’annonce du couvre-feu les a prises par surprise. L’interdiction de rassemblement aussi.

PHOTO SARAH MONGEAU-BIRKETT, LA PRESSE

Nathalie Vidal, devant le bar Le Rouge Gorge, sur l’avenue du Mont-Royal

Il n’y a pas de quoi sauter de joie, admet-elle. Mais elle se dit qu’il y a pire. L’heure relativement tardive fixée par le gouvernement est raisonnable, selon elle. « Je vais en profiter pour passer de belles vacances avec ma fille en bulle à la maison. C’est sûr que les petits cafés et les soirées au cinéma me manquent… mais bon ! »

Isabelle Mckiernan comprend l’aspect démoralisant des annonces de jeudi soir. Elle finit de travailler tard, donc le couvre-feu en vigueur à compter de ce vendredi lui laisse peu de temps pour passer du temps à l’extérieur. « Je garde en tête les hospitalisations, les risques pour nos plus vulnérables. C’est difficile. On est tannés. Mais on fait avec. »