Les États-Unis ont annoncé que les personnes asymptomatiques atteintes de la COVID-19 pourraient désormais réduire de 10 à 5 jours la durée de leur isolement. Une idée qui comporte son lot de risques, avertissent deux experts interrogés par La Presse.

Les Centres pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC), principale agence sanitaire des États-Unis, ont précisé dans un communiqué que cette modification était « justifiée par la science ». La plupart des infections ont lieu dans les deux jours précédant et les trois jours suivant l’apparition des symptômes, indique-t-on.

« Ces mises à jour permettent à chacun de poursuivre sa vie quotidienne en sécurité », a expliqué dans un communiqué Rochelle Walensky, directrice des CDC.

André Veillette, immunologiste à l’Institut de recherches cliniques de Montréal, comprend le désir des gouvernements d’avoir une société fonctionnelle. « Il y a tellement de gens infectés que ça affecte les milieux de travail si on garde tous les asymptomatiques à la maison pour 10 jours », indique l’expert.

La consigne n’est toutefois pas basée sur la science, selon lui. La décision est prise de façon précipitée compte tenu de l’incertitude face au variant Omicron, plus contagieux que ses prédécesseurs.

« Avec Omicron, on ne sait pas trop quelle serait la durée sécuritaire. On ne peut pas prendre des décisions en se basant sur les autres variants. Je ne m’empresserais pas à faire la même chose que nos voisins. »

Le degré de contagion des asymptomatiques n’est pas clair non plus. « C’est un choix qui n’est pas basé sur des évidences scientifiques. »

Ajuster selon le milieu de travail

De telles consignes devraient tenir compte du milieu de travail du patient, suggère M. Veillette. Des travailleurs de la santé ou des enseignants peuvent infecter un grand nombre de personnes, certaines parmi les plus vulnérables. « Dans l’incertitude, c’est risqué de renvoyer au travail un soignant infecté après seulement cinq jours. »

« La pénurie des effectifs en milieu hospitalier pourrait grandement bénéficier de telles mesures », pense Benoit Barbeau, professeur au département de sciences biologiques de l’UQAM. Il souligne toutefois le risque que des personnes contagieuses puissent le demeurer après une plus courte période d’isolement. « Il faudrait s’assurer que ces personnes obtiennent au moins un résultat négatif à un test rapide ou idéalement à un test PCR. »

Le variant Omicron, bien plus transmissible, est aujourd'hui majoritaire aux États-Unis. On a recensé plus de 200 000 cas quotidiens au cours des deux derniers jours, s’approchant du record de janvier dernier. Les responsables s’inquiètent d’une paralysie de certains secteurs économiques et d’une pénurie de main-d’œuvre.

Les personnes asymptomatiques peuvent réduire de moitié leur isolement, mais les autorités sanitaires conseillent de porter le masque dans les cinq jours qui suivent.

La durée de la quarantaine pour les cas contacts non vaccinés est par ailleurs réduite de 14 à 5 jours, avec également le conseil de porter rigoureusement un masque dans les 5 jours qui suivent. Selon ces recommandations, les cas contacts pleinement vaccinés n’ont pas besoin de s’isoler.

Le 23 décembre, ces autorités avaient déjà réduit la durée d’isolement pour les soignants.

Rappelons que les recommandations des CDC sont largement suivies aux États-Unis, mais ne sont pas obligatoires.

La hausse brutale du nombre de cas dans le pays et les périodes d’isolement qui s'ensuivent ont conduit ces derniers jours les compagnies aériennes à annuler des vols par centaines.

— Avec l’Agence France-Presse