Le délestage reprendra de plus belle au Québec. Les hôpitaux de la province seront appelés à choisir les interventions qu’ils peuvent reporter afin de se préparer à une hausse du nombre de cas de COVID-19 et des hospitalisations au cours des prochaines semaines.

Selon les informations obtenues par La Presse, le niveau d’alerte 3 du plan de délestage, sur un maximum de 4, est désormais atteint.

Les interventions chirurgicales non urgentes devront être réduites au minimum, tandis que les soins virtuels en consultation externe devront être augmentés. De 40 % à 80 % des lits d’hôpitaux et des lits aux soins intensifs seront destinés aux patients atteints de la COVID-19.

Chaque établissement devra soumettre son plan de délestage au ministère de la Santé et des Services sociaux pour approbation.

Le ministre Christian Dubé a prévenu mardi que du délestage allait vraisemblablement être nécessaire dans le réseau de la santé. À ce jour, plus de la moitié de la capacité des lits réservés à la COVID-19 dans le réseau québécois est occupée.

« On n’a pas encore atteint la capacité des lits COVID-19, mais les plans de délestage se préparent pour éviter d’avoir à faire de la priorisation de patients. La situation change très rapidement », a indiqué le DJoseph Dahine, intensiviste à l’hôpital de la Cité-de-la-Santé, à Laval.

Selon les projections faites par l’Institut national d’excellence en santé et services sociaux et l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ), le nombre de cas et le nombre d’hospitalisations devraient continuer d’augmenter de façon importante au cours des prochaines semaines.

« Même en présumant une sévérité d’Omicron trois fois moindre que celle de Delta, les hospitalisations pourraient atteindre ou dépasser les pics d’hospitalisations de janvier 2020 », a indiqué l’INSPQ dans son plus récent rapport.

Mesure nécessaire

Selon le niveau d’alerte 3, les hôpitaux du Québec doivent préparer le délestage d’activités au cas où la capacité des lits COVID-19 serait dépassée. Les établissements dont la situation ne sera pas maîtrisée devront avoir des suivis hebdomadaires avec le Ministère.

« Ces directives, on les a mises en place dans le passé. Donc, il faut simplement les réactiver selon l’état du réseau », indique le DDahine.

Il soutient qu’avec l’évolution de la situation épidémiologique, le délestage était primordial. « C’est une mesure nécessaire parce qu’on sait que les patients COVID-19 qui se présentent à l’hôpital sont en détresse respiratoire. Ils ont besoin d’oxygène. S’ils ne sont pas traités, ils meurent dans l’immédiat », dit-il.

Il estime toutefois que ce nouveau délestage sera un coup dur pour le système de santé. « On marche sur une corde raide. Les équipes sont épuisées et il n’y a pas eu tant de renfort depuis la première vague. On demande aux mêmes personnes de faire des sacrifices personnels et de puiser dans leurs dernières énergies pour être capables de continuer à se présenter et à donner des soins. »

Il s’inquiète pour le réseau de la santé à long terme. « Le délestage est un moyen pour traiter les patients COVID, mais on le fait au coût de toutes les autres maladies qui continuent de progresser. On fait juste reporter le problème », conclut-il.