La Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ) s’inquiète du « retard observé dans la préparation » du réseau de la santé pour « affronter la cinquième vague de COVID-19 » et la croissance du variant Omicron. L’organisme presse Québec de remettre sur pied les mesures de prévention des dernières vagues.

« Nous tenons à vous transmettre nos sérieuses préoccupations quant au retard observé dans la préparation du réseau pour affronter la 5vague de COVID-19, qui s’avère être fulgurante. […] Nous vous prions de remettre, sans autre délai additionnel, les mesures de prévention en place lors des vagues précédentes afin de protéger le personnel soignant et les patients », écrit la présidente de la FIQ, Julie Bouchard, dans un courriel envoyé lundi au sous-ministre associé à la Santé, Vincent Lehouillier, que La Presse a obtenu.

Mme Bouchard y soutient que les nouvelles mesures annoncées lundi par le gouvernement Legault ne sont pas suffisantes, car, explique-t-elle, elles « ne faisaient pas mention de nos demandes, ce que nous déplorons vivement ».

La FIQ réclame la mise en place « rapide » de cinq mesures, dont le retour de « zones chaudes, tièdes et froides » et la constitution d’équipes « dédiées » à ces zones chaudes. Le groupe, qui représente près de 76 000 infirmières, demande aussi une « réduction de la mobilité du personnel au maximum » et un accès à des masques N95 « pour tout le personnel ».

Il faut aussi à tout prix implanter des « corridors sanitaires pour le déplacement des visiteurs, des travailleuses et des usagers », dit la Fédération, ce qui implique entre autres « une surveillance rigoureuse à l’entrée » des hôpitaux. Une « ventilation adéquate et efficace » figure aussi parmi les demandes.

Dans sa missive, Julie Bouchard met aussi « sérieusement en garde » le gouvernement de « considérer le retour du personnel COVID positif en zone chaude, même pour le personnel asymptomatique », tel que l’a évoqué lundi le ministre de la Santé et des Services sociaux, Christian Dubé.

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

Julie Bouchard, présidente de la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ)

Aux yeux de la FIQ, « il serait irresponsable d’exposer d’autres travailleuses essentielles dès lors où nous aurons besoin de toutes les ressources pour soigner la population infectée ». « Nous vous pressons de reculer sur cette mesure qui pourrait compromettre sérieusement la sécurité des milieux de soins et la confiance du public envers ceux-ci », dit encore Julie Bouchard.

Son groupe affirme que la situation dans les CHSLD « demeure hautement préoccupante ». « Le manque de personnel dans plusieurs installations et le recours encore très fréquent à la main-d’œuvre indépendante pourraient entraîner des conséquences graves sur la sécurité, la continuité et la qualité des soins. Nous souhaitons à tout prix éviter que le drame vécu au printemps 2020 ne se reproduise », signale la présidente.

Le réseau déjà « en action », répond Québec

Appelé à réagir, le cabinet du ministre Christian Dubé a confirmé mardi avoir reçu ladite communication, en soutenant toutefois que « bien avant la demande de la FIQ, le réseau de la santé était en action ». « Ce sont plus de 15 000 travailleurs de la santé qui ont été formés sur toutes les mesures de protection et de contrôle des infections. Ces équipes sont autant dans les milieux hospitaliers que dans les milieux de vie comme les CHSLD et les résidences privées pour aînés », explique l’attachée de presse Marjaurie Côté-Boileau.

Elle réitère au passage que « depuis 20 mois, toutes ces mesures sont une priorité dans le réseau de la santé et cette vague n’en fait pas exception, alors que nous continuons de nous conformer aux recommandations de l’INSPQ et aux directives de la CNESST ».

La FIQ, de son côté, déplore le fait de n’avoir reçu aucune réponse et de n’avoir pas été témoin de réels « changements sur le terrain » jusqu’ici.