La vague de nouveaux cas ne cesse de déferler et les hospitalisations ont fait un bond samedi. Pendant ce temps, la course au dépistage bat son plein… tandis que la danse dans les bars et le karaoké restent permis jusqu’à ce dimanche soir.

Québec a rapporté samedi 3631 nouveaux cas de COVID-19 et deux décès supplémentaires, ainsi qu’une hausse des hospitalisations. Au total, 347 personnes sont hospitalisées, contre 312 la veille, marquant une hausse de 38 % sur une semaine. De ce nombre, 74 se trouvent aux soins intensifs, en hausse de 18 % sur une semaine.

PHOTO DOMINICK GRAVEL, LA PRESSE

Des gens font la file pour se faire tester à la clinique de dépistage de Chauveau, à Montréal.

« C’est encore la pointe de l’iceberg », affirme le Dr Joseph Dahine, intensiviste à l’hôpital de la Cité-de-la-Santé, à Laval. « On est au début de la propagation de ce variant-là [le variant Omicron] », poursuit-il.

À la hausse des hospitalisations s’ajoute le manque de soignants dans certains hôpitaux du Québec. Aux soins intensifs de l’hôpital de la Cité-de-la-Santé, cinq lits ont été fermés en raison du manque de personnel. L’objectif étant d’assurer que sept lits puissent accueillir des patients atteints de la COVID-19, peu de places restent disponibles pour les patients atteints d’autres pathologies.

« On revient aux mêmes dilemmes et préoccupations qu’au début de la pandémie : est-ce qu’on va être capable de soigner tout le monde ? La réponse, c’est non. Comment on va faire des choix déchirants ? », se demande le Dr Dahine. L’intensiviste a l’impression de revivre « le même film », mais avec « beaucoup moins d’énergie », et « beaucoup moins de personnel ».

L’hôpital de Laval n’est pas le seul aux prises avec de telles préoccupations. Samedi, La Presse rapportait que plus de 2000 lits d’hôpital, notamment aux de soins intensifs, étaient fermés en raison du manque de personnel.

Délestage dans des hôpitaux du nord de Montréal

Déjà, des opérations non urgentes des hôpitaux du Sacré-Cœur, Jean-Talon et Fleury seront reportées durant le temps des Fêtes, a annoncé samedi le CIUSSS du Nord-de-l’Île-de-Montréal.

« Nous avons décidé de réduire les [interventions non urgentes] trois jours à l’avance, donc à partir du 20 décembre au lieu du 23 décembre, afin de libérer des lits et d’avoir une meilleure capacité hospitalière. Mais toutes les [opérations] urgentes et semi-urgentes sont maintenues, ainsi que tous les cas d’oncologie et de chirurgie d’un jour », a affirmé par courriel Séléna Champagne, porte-parole du CIUSSS du Nord-de-l’Île-de-Montréal. Chaque année, les opérations non urgentes sont réduites entre le 23 décembre et le 4 janvier.

Des centres de dépistage toujours achalandés

Les centres de dépistage montréalais continuaient d’être très occupés samedi dans les différents CIUSSS de la métropole.

La situation était semblable à la veille dans le CIUSSS du Centre-Ouest-de-l’Île-de-Montréal, alors qu’on attendait en moyenne 70 minutes pour se faire dépister dans l’un des deux centres désignés.

Dans l’est de Montréal, la clinique sans rendez-vous située sur la rue Chauveau, près du Stade olympique, a encore reçu un grand nombre de patients. « Nous connaissons un fort achalandage à notre centre de dépistage Chauveau, a indiqué par courriel Valérie Lafleur, relationniste du CIUSSS de l’Est-de-l’Île-de-Montréal. [Samedi], nous avons affiché complet pour la journée vers 15 h 30. »

Dans le quartier Pointe-Saint-Charles, des personnes souhaitant être dépistées ont dû rebrousser chemin au centre de dépistage situé sur la rue Centre, où, le samedi, on procède plutôt à la vaccination.

Une dernière danse, une dernière chanson

Les amateurs de danse et de karaoké ont jusqu’à ce dimanche soir pour s’en donner à cœur joie. Ces activités seront interdites à compter de lundi, a décrété le premier ministre Legault jeudi.

Mais n’aurait-il pas fallu agir plus tôt ? « Ça risque de provoquer des éclosions », affirme Alain Lamarre, professeur-chercheur spécialisé en immunologie et virologie à l’Institut national de la recherche scientifique (INRS). « Avec le variant Omicron qui se transmet si facilement, ça prend juste une personne infectée avec Omicron dans une grande salle pour que rapidement, une grande partie de la pièce soit contaminée », ajoute-t-il.

Le virologue Benoit Barbeau, professeur au département des sciences biologiques de l’Université du Québec à Montréal (UQAM), est du même avis. « Une telle situation avant les Fêtes mènera à un nombre de nouvelles éclosions qui alimenteront la hausse de nombre de cas et plus d’infections dans les réunions de famille durant la période des fêtes », affirme-t-il par écrit à La Presse.

La vaccination se poursuit

Davantage de cas ont été rapportés samedi chez les personnes vaccinées. Parmi les 3631 nouvelles infections, 1189 ont été recensées chez des personnes non vaccinées, ou ayant reçu leur première dose depuis moins de 14 jours. Chez les personnes entièrement vaccinées, 2320 cas de COVID-19 ont été détectés, et 122 chez les personnes ayant reçu leur première dose depuis plus de 14 jours. Les personnes non vaccinées courent 2,2 fois plus de risques d’être infectées par la COVID-19 que celles qui ont reçu deux doses de vaccin, et 15,1 fois plus d’être hospitalisées. Samedi, 84 % des Québécois tous âges confondus avaient reçu une première dose de vaccin, et 78,3 % étaient adéquatement vaccinés. L’administration des troisièmes doses se poursuit ; 7 % de la population de la province a reçu trois injections.