(Québec) « Je sais ce que c’est que de perdre un être cher dans des circonstances terribles. »

La cheffe libérale Dominique Anglade a fait référence à ses parents morts dans le tremblement de terre en Haïti pour réclamer la vérité au nom des proches des personnes mortes dans les CHSLD au printemps 2020.

Elle dressait le bilan de sa session parlementaire, jeudi, lorsqu’un journaliste lui a demandé comment elle aurait réagi si ses parents étaient décédés dans un CHSLD. Aurait-elle poursuivi le gouvernement ?

Le visage de Mme Anglade a changé.

Prise d’émotion, elle a raconté le jour où elle avait reçu un rapport de six pages qui expliquait les circonstances entourant le décès de ses parents en Haïti.

« Je n’ai pas eu le courage de les lire, je les ai données à mon conjoint et après il m’a dit : « Voici ce que tu vas retrouver dans ce rapport, tu peux le lire maintenant » », a-t-elle relaté.

« La lecture de ce rapport-là, ça m’a permis de fermer une boucle. Ça m’a permis de dire : « J’ai compris ce qui s’est passé et je suis plus en paix avec ce que mes parents ont vécu ». »

Elle a dit se mettre à la place des proches des aînés morts en CHSLD. « Eux aussi, ils aimeraient savoir ce qui s’est passé, comment leur mère, leur père, leur grand-mère est parti. »

Mme Anglade a répondu qu’elle ne savait pas si elle aurait poursuivi le gouvernement, mais qu’elle aurait certainement eu besoin de « vérité », ce que les familles n’ont pas aujourd’hui, a-t-elle déclaré.

Bérubé veut les enregistrements

D’ailleurs, le député péquiste Pascal Bérubé invite le premier ministre François Legault à rendre accessibles les enregistrements — s’ils existent — des réunions qu’il a tenues avec les chefs d’opposition en 2020.

L’élu de Matane-Matapédia estime qu’à défaut d’avoir les minutes de la cellule de crise du premier ministre, ces enregistrements pourraient s’avérer d’une « importance capitale ».

« Ça peut dire, par exemple, bien, nous, on a observé, dans tel CHSLD, le 22 mars, telle situation. Ça donne ça comme indication, de notre perspective, alimentée par ce qu’on entend », a-t-il illustré en point de presse.

Depuis plusieurs semaines, les députés de l’opposition cherchent à trancher les contradictions puis à faire la lumière sur les 4000 décès survenus en CHSLD lors de la première vague de la pandémie.

Contrairement à ce que prétend le gouvernement Legault, il n’y a eu aucune directive ou initiative en début d’année 2020 pour préparer les CHSLD à la COVID-19, a conclu la Protectrice du citoyen.

Ce n’est qu’à la mi-avril, quand les éclosions et les décès se multipliaient dans les CHSLD, que « des actions ont été prises », a-t-elle noté dans son rapport.

L’enquête de la coroner, qui est toujours en cours, a révélé que les CHSLD privés conventionnés avaient notamment alerté la sous-ministre aux Aînés qu’ils se dirigeaient vers l’hécatombe dès la mi-mars 2020.

En fin de journée jeudi, le bureau du premier ministre a indiqué qu’aucune conversation avec les chefs d’opposition n’avait été enregistrée.

« Il s’agissait de rencontres privées, affirme l’attaché de presse du premier ministre, Ewan Sauves. C’était des discussions qui se déroulaient au début en personne, ensuite au téléphone. Il n’y a pas d’enregistrement. »