(Québec) L’épouse du Directeur national de santé publique du Québec, Horacio Arruda, travaillait dans un CHSLD lors de la première vague de la pandémie.

Le Dr Arruda a confirmé cette information mercredi matin au micro de l’animateur Paul Arcand, du 98,5 FM.

Elle survient au moment où les parlementaires s’interrogent sur ce que savait véritablement la cellule de crise du premier ministre Legault, dont faisait partie le Dr Arruda, au sujet de la situation dans les CHSLD.

Interrogé à savoir si sa conjointe, la Dre Nicole Mercier, l’avait informé de certains problèmes sur le terrain, Horacio Arruda a répondu que le centre où elle travaillait connaissait moins d’ennuis que les autres.

Par exemple, elle n’a pas évoqué de manque de matériel. « Elle a dit qu’il y avait des situations complexes parce que les patients arrivaient, mais à son centre, elle n’a pas vécu les mêmes enjeux qui ont été dévoilés ailleurs. »

Et les problèmes de personnel, a demandé l’animateur. « Bien, ils se sont organisés, a répondu le Dr Arruda. Ce n’était pas nécessairement facile […], mais les soins étaient donnés quand même de façon adéquate. »

A-t-il sonné l’alarme à la cellule de crise ? La Dre Mercier n’est arrivée au CHSLD qu’en avril, selon le directeur national de santé publique. « Il faudrait que je vérifie la date exactement », a-t-il ajouté.

Le Dr Arruda a précisé lors de l’entrevue que sa conjointe avait longtemps pratiqué dans un CHSLD avant que la crise de la COVID-19 n’éclate. Il a vanté son expérience auprès des personnes aînées.

La pression s’accentue sur Blais

Par ailleurs, la pression s’est accentuée, mercredi, sur la ministre responsable des Aînés, Marguerite Blais, pour qu’elle vienne livrer sa version des faits.

Mme Blais est en congé de maladie depuis le 29 octobre. Elle souffre d’épuisement professionnel et doit en parallèle composer avec un problème persistant à une jambe.

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

Marguerite Blais

Mercredi, le chef du Parti québécois (PQ), Paul St-Pierre Plamondon, a prié Mme Blais de venir vider son sac si son état de santé le lui permettait.

Il a rappelé d’anciennes déclarations de la ministre. « Marguerite Blais a dit : […] “Je donnais mon point de vue. Peut-être que ce que je disais était pris en considération une semaine ou deux après, mais je le disais”. »

« Et, depuis ce temps-là, bien, Marguerite Blais a disparu pour des raisons médicales », a déploré M. St-Pierre Plamondon en point de presse à l’Assemblée nationale.

« Si jamais elle n’est pas dans un état vraiment d’urgence médicale, ce serait très intéressant de l’entendre. Peut-être un témoignage par téléphone ? Il y a des arrangements qui peuvent être faits », a-t-il insisté.

Lors de la première vague de la pandémie, entre février et juin 2020, près de 4000 aînés sont morts en CHSLD au Québec, parfois dans des conditions atroces.

Des courriels déposés en preuve à l’enquête de la coroner, et dévoilés mardi par Radio-Canada, démontrent que les CHSLD privés conventionnés avaient sonné l’alarme dès la mi-mars 2020.

Ils s’inquiétaient notamment du manque d’équipement, de personnel, du transfert des patients des hôpitaux vers les CHSLD et de la mobilité de la main-d’œuvre.

« Le cabinet de la ministre des Aînés a reçu plusieurs messages, des appels à l’aide, des courriels parlant d’une hécatombe à venir dans les CHSLD », a souligné en Chambre le chef parlementaire du PQ, Joël Arseneau.

« Est-ce qu’on peut savoir si la ministre des Aînés a effectivement transmis les signaux d’alarme des CHSLD au premier ministre ? »

François Legault a répondu : « La ministre des Aînés et la sous-ministre des Aînés, Mme (Natalie) Rosebush, étaient autour de la table à tous les matins, parfois par téléphone, parfois en personne. »

Enquête publique réclamée

Insatisfaits, les partis d’opposition continuent de faire front commun pour réclamer la tenue d’une enquête publique et indépendante sur la gestion de la pandémie.

« Le premier ministre nous disait qu’autour de la table, ils n’avaient pas d’informations », s’est indignée la cheffe du Parti libéral du Québec (PLQ), Dominique Anglade.

« On sait très bien que des courriels ont été envoyés. […] C’est incompréhensible, après avoir passé une crise aussi importante, qu’on n’ait pas une enquête publique indépendante. »

L’idée, a ajouté la co-porte-parole de Québec solidaire (QS), Manon Massé, n’est pas de chercher un coupable, mais d’« être capable d’avoir une réponse adéquate dans le futur ».