Le Québec utilisera le criblage pour détecter les cas de variant Omicron dans la province. Cette technique, rapide et peu coûteuse, n’était plus pratiquée dans les dernières semaines en raison de la dominance marquée du variant Delta. Sandrine Moreira, responsable de la coordination génomique et de la bio-informatique au Laboratoire de santé publique du Québec, nous explique en quoi cette méthode consiste.

Qu’est-ce que le criblage ?

Le criblage est un test qui est positif seulement s’il est en contact avec le variant que l’on recherche. Les scientifiques québécois doivent donc développer un test qui réagit seulement aux mutations spécifiques du variant Omicron.

« C’est le jeu des sept différences. On prend la séquence génétique d’Omicron, on la compare à la séquence génétique de Delta, qui circule majoritairement au Québec, et on recherche quelles sont les mutations qui sont présentes sur Omicron, mais qui ne sont pas présentes sur Delta », explique Mme Moreira.

Ce qu’il y a de merveilleux avec ce variant effrayant, c’est qu’il a tellement de mutations que c’est facile de trouver des différences avec Delta.

Sandrine Moreira, du Laboratoire de santé publique du Québec

Si le test est positif, les autorités sanitaires effectueront un séquençage complet pour confirmer qu’il s’agit bel et bien du variant Omicron, a confirmé le ministre de la Santé et des Services sociaux, Christian Dubé, en conférence de presse à Montréal, lundi.

Quelle est la différence entre le criblage et le séquençage ?

Le séquençage est la méthode la plus efficace pour identifier les nouveaux variants préoccupants, puisqu’elle permet d’analyser la génétique complète d’un virus. C’est toutefois un procédé long et coûteux qui ne peut s’effectuer que sur une fraction des cas positifs.

« Le séquençage, c’est la version extrême du criblage. On ne va pas seulement s’intéresser aux variants que l’on connaît déjà, on regarde toutes les mutations », indique la spécialiste.

En effet, le criblage ne permet pas d’identifier de nouveaux variants. Il faut absolument faire du séquençage pour voir l’évolution du virus, ses mutations et les nouveaux variants.

Le directeur national de santé publique, le DHoracio Arruda, a rappelé lundi que le Québec faisait actuellement du séquençage « de façon aléatoire » parmi les cas positifs.

Quels sont les avantages du criblage ?

Le criblage est une méthode peu coûteuse. « Un échantillon séquencé coûte entre 75 $ et 100 $ par échantillon. Faire du criblage, c’est environ une vingtaine de dollars, donc c’est beaucoup plus faible », soutient Mme Moreira.

Le criblage permet aussi d’obtenir des résultats beaucoup plus rapidement.

Le criblage prend environ 30 minutes de préparation pour un lot de 80 tests, et on a un résultat en une heure. Donc, un échantillon qui arrive à 10 h, on peut avoir le résultat à midi.

Sandrine Moreira, du Laboratoire de santé publique du Québec

Il faut toutefois plus d’une semaine pour obtenir le résultat d’un séquençage. « Ça prend plusieurs jours pour préparer l’échantillon, ensuite ça prend au moins une journée [pour séquencer le virus] et au moins une journée d’analyse informatique. Au total, ça prend environ une semaine et parfois plus », explique Mme Moreira.

Pourquoi le Québec avait arrêté de faire du criblage ?

Depuis quelques jours, la page surveillant la circulation des variants de l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) n’était plus mise à jour de façon quotidienne.

Sur le site web de l’organisme, on explique notamment que le criblage n’est plus pratiqué « en raison de la dominance marquée » du variant Delta. Mais l’arrivée du variant Omicron relancera ces activités.

« Là, maintenant qu’on sait qu’il y a un nouveau variant, tous les voyageurs et les gens qui reviennent de l’extérieur vont être criblés. Et si le criblage est suspect, on va les séquencer. Il y aura aussi du criblage systématique qui sera fait certaines journées pour évaluer s’il n’y aurait pas de transmission interne », a indiqué le DArruda.

Est-ce que des échantillons qui datent de plusieurs semaines peuvent être criblés ou séquencés pour savoir si un nouveau variant était au Québec depuis longtemps ?

« Certainement, affirme Mme Moreira. Au Québec, tous nos échantillons positifs séquençables, c’est-à-dire qui ont une charge virale assez forte, sont stockés dans une biobanque. Une énorme majorité des échantillons positifs du Québec s’y trouve, donc on peut revenir en arrière et séquencer des échantillons. » La spécialiste précise que cette procédure s’est produite à plusieurs reprises depuis le début de la pandémie.