(Québec) L’administration de la troisième dose de vaccin contre la COVID-19 est « désorganisée » dans les résidences privées pour aînés (RPA), dénonce leur regroupement. Le déploiement des tests rapides pour le dépistage obligatoire auprès des travailleurs de la santé non vaccinés se fait par ailleurs toujours attendre sur le terrain.

Le Regroupement québécois des résidences privées pour aînés (RQRA) demande à Québec de rappeler à l’ordre ses CISSS et CIUSSS pour s’assurer que les directives ministérielles soient appliquées de la même façon partout au Québec.

« Il faut avoir une certaine constance [des établissements], parce qu’en ce moment, ce ne l’est pas », lance son président-directeur général, Marc Fortin, qui fait état d’une campagne « désorganisée » pour la troisième dose de vaccin contre la COVID-19.

Il rapporte que certains de ses membres « n’ont toujours aucune date » à l’agenda pour l’administration de la dose additionnelle. D’autres auraient comme réponse des établissements que les équipes de vaccination ne se déplaceront pas dans les milieux d’hébergement où les résidants « sont autonomes ». Le RQRA regroupe quelque 800 gestionnaires et propriétaires de RPA dans la province.

« Alors que pour des première et deuxième doses, les CISSS et CIUSSS acceptaient de venir vacciner à 100 % les résidants, en ce moment, nous avons des CISSS et des CIUSSS qui refusent de vacciner toute la clientèle », a expliqué M. Fortin, qui craint un effet négatif sur le taux de vaccination.

Des directives qui changent

« Certains [établissements] veulent seulement vacciner les [résidants] des unités de soins ou ceux inscrits à des programmes de maintien à domicile », explique M. Fortin.

Ce n’était pas ça, la directive initiale. Chaque CISSS commence à mettre ses propres règles, il faut que ce soit homogène sur le territoire.

Marc Fortin, président-directeur général du RQRA

Québec a donné le feu vert à l’administration d’une dose additionnelle de vaccin contre la COVID-19 pour les aînés hébergés, en septembre. Le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) affirmait que « des équipes mobiles se déplacer[aient] graduellement dans les milieux de vie », ce qui inclut les RPA.

« Ainsi, les personnes ou leurs proches n’ont pas de démarches à faire pour l’instant et n’ont pas besoin de procéder à la prise de rendez-vous », écrivait-on. La campagne a débuté dans certains milieux d’hébergement, comme les CHSLD et les RPA, la semaine dernière. L’avancement de la campagne est variable selon la région.

La Presse a demandé des précisions sur l’avancement de l’administration de la troisième dose dans les milieux d’hébergement pour aînés ainsi que sur les problématiques soulevées par le RQRA, mais le MSSS n’a pu fournir de réponses avant la publication.

« Le gouvernement a fait son travail, nuance M. Fortin. Maintenant, notre job, c’est de ramener ça au Ministère pour qu’il reparle aux CISSS et CIUSSS et qu’il s’assure que le service soit là », argue-t-il.

Retards dans le dépistage

Par ailleurs, les tests nécessaires pour le dépistage obligatoire depuis le 15 octobre auprès des travailleurs de la santé qui ne sont pas adéquatement vaccinés « tardent à arriver » sur le terrain, déplore M. Fortin. Un de ses membres vient tout juste de recevoir des boîtes de tests pour deux de ses 33 résidences sans aucune instruction, relate-t-il.

[Ailleurs], c’est pas mal la même chose, les gens attendent. Il y a [des membres] qui les ont reçus [les tests de dépistage] et qui appellent les CISSS et les CIUSSS pour recevoir les directives, les processus d’utilisation.

Marc Fortin

« Encore une fois, il y a des CISSS et des CIUSSS qui le font bien, et d’autres où c’est moins bien fait. »

Le personnel des RPA non vacciné doit se soumettre à un dépistage de la COVID-19 trois fois par semaine – comme c’est le cas dans le réseau public de la santé – depuis que Québec a reporté l’entrée en vigueur de la vaccination obligatoire au 15 novembre. Seules les RPA de neuf places et moins sont exemptées, selon le guide d’application de l’arrêté ministériel du 16 octobre.

« On est 12 jours plus tard et les tests commencent à rentrer, alors on n’a pas pu les mettre en place », soutient M. Fortin. Le dépistage des employés non vaccinés était d’ailleurs une demande du RQRA pour éviter que la vaccination obligatoire n’entraîne des ruptures de services dans les résidences. Il aimerait que les autorités soient davantage « réalistes » dans les délais qui accompagnent les consignes.

Au sujet de la vaccination obligatoire, le RQRA estime que le sursis d’un mois accordé par le gouvernement va permettre « des effets moins dramatiques » dans les résidences au 15 novembre.