(Québec) Le gouvernement Legault présentera « en début » de semaine prochaine son fameux plan de contingence pour pallier le départ de milliers de travailleurs de la santé qui ne seront pas adéquatement vaccinés au 15 octobre. En date du 6 octobre, quelque 27 000 employés du réseau n’avaient toujours leurs deux doses de vaccin.

Attendu par plusieurs, dont les syndicats du secteur de la santé, le plan de contingence du gouvernement Legault sera présenté en début de semaine prochaine, a confirmé jeudi le ministre de la Santé, Christian Dubé. Ce plan global prévoit des réorganisations de services, dans le réseau public et le secteur privé, pour remplacer les travailleurs de la santé et des services sociaux qui ne sont pas adéquatement vaccinés.

Alors que des bris de services semblent inévitables dans certaines régions, Québec publie depuis mercredi un nouvel outil évolutif faisait état des « réorganisations planifiées des services et corridors de transfert ».

« Ça avance, mais ce n’est pas facile, parce qu’il faut avoir une vue globale », a admis M. Dubé. « Je vais rendre public [ce plan de réorganisation] avant le 15 octobre, c’est certain. Je pense qu’on se doit de le donner à la population pour rassurer les gens, que peu importe les scénarios qui vont être sur la table, on va le publier, clairement », a-t-il expliqué lors d’une mêlée de presse.

Plusieurs CISSS et CIUSSS joints par La Presse mercredi ont indiqué être en train de compiler les données sur le nombre d’employés de leur territoire qui ne seront pas vaccinés au 15 octobre et d’établir leur plan de contingence. Certains ont parlé d’un exercice majeur de réorganisation.

Mercredi, le réseau public dénombrait encore 27 051 employés qui n’étaient pas adéquatement vaccinés, dont 15 607 qui n’ont reçu aucune dose de vaccin. Ce bilan nouveau inclut désormais les travailleurs qui ne pourront recevoir leur deuxième dose à temps. Il faut donc comprendre que 11 444 travailleurs ont reçu une première injection et s’absenteront de manière temporaire du réseau.

Des 27 051 employés qui ne sont pas encore pleinement vaccinés, 11 763 font partie du personnel soignant. « Il reste encore une dizaine de jours pour que les gens aillent se faire vacciner », a souligné M. Dubé. Il a évoqué jeudi la possibilité de déployer des « SWAT teams » dans les établissements, comme des CHSLD, où le manque d’employés provoquera des bris de service après le 15 octobre.

Dans les ressources intermédiaires (RI) d’hébergement seulement, une trentaine d’établissements craignent des bris de services après l’entrée en vigueur de la vaccination obligatoire.

Le nouveau tableau publié par le ministère de la Santé et des Services sociaux doit aussi suivre l’évolution de la situation dans les établissements privés. Mais pour l’heure, les données disponibles ne touchent que les services d’urgence, d’obstétrique et de néonatalogie. « On y est allé par ordre d’importance », a souligné M. Dubé. « On aura peut-être d’autres critères. Parce qu’en ce moment, je n’ai pas les CHSLD, je n’ai pas les autres établissements », a-t-il expliqué précisant que ces informations seront mises à jour.

« Les renforts arrivent »

Le ministre Dubé estime par ailleurs que les effets de la vaccination obligatoire sur le terrain pourront être en partie compensés par le fait que des « renforts arrivent » bientôt. Il a fait jeudi un premier bilan de son plan d’embauche qui prévoit des primes de 12 000 à 18 000 $ par infirmière. M. Dubé a confirmé l’ajout de 1007 infirmières à temps complet, dont 720 sont des infirmières à temps partiel qui ont accepté un poste complet.

1007 infirmières à temps complet

  • 720 rehaussements à temps complet
  • 231 embauches régulières
  • 56 retraités

Il a aussi indiqué que 1900 candidats sont en négociation pour réintégrer le réseau public. « Je suis excessivement encouragé », s’est exprimé M. Dubé. « Ce que je dirais au réseau : les renforts s’en viennent, puis c’est parti. On le voit, le changement de culture, il est commencé. Puis, on va avoir des gens qui vont être à temps plein, on va enlever le temps supplémentaire obligatoire. La machine est partie », a-t-il ajouté.

Un plan qui arrive trop tard, selon les oppositions

Pour les partis d’opposition, le plan de contingence du gouvernement Legault arrive beaucoup trop tard et témoigne d’un manque de préparation.

« Depuis le mois de janvier qu’on demande la vaccination obligatoire de la santé, pour le réseau de la santé, ils décident de prendre la décision au mois de septembre, en garantissant qu’il n’y aura pas de bris de service. Ils ont pris cette décision-là. C’est à eux, maintenant, de nous dire [comment] ils vont livrer le plan. Et c’est pour ça qu’on demande un plan du gouvernement », a fait valoir la cheffe libérale Dominique Anglade.

Québec solidaire abonde dans le même sens. « Ça, ce n’est pas du leadership, c’est du fatalisme. Le ministre avait des semaines et des semaines pour voir venir avec la décision qu’il a prise, au contraire, il a continué à improviser. Puis comme il n’a pas de solution, bien, il change les mots, on n’appelle plus ça des bris de service, on appelle ça de la réorganisation », a expliqué le député Vincent Marissal.

Selon le Parti québécois, qui a demandé mercredi un report de la date butoir du 15 octobre prochain, estime que « le gouvernement continue de vouloir maquiller les bris de service en les appelant des réorganisations planifiées », a indiqué le chef parlementaire Joël Arseneau.

Disant craindre des bris de services « généralisés » dans le réseau, le PQ a affirmé que « remède dépasse la maladie », alors que « les risques sur le patient sont plus grands que les bénéfices » engendrés par l’obligation de la vaccination. Une affirmation « irresponsable », a dit M. Dubé, jeudi.

Avec Hugo Pilon-Larose