Opposés au port du masque en classe, des parents en appellent d’autres à garder leurs enfants à la maison ce jeudi, jour de déclaration de clientèle, étroitement lié au financement des écoles. Les absences d’élèves donneront du travail supplémentaire aux écoles déjà débordées, disent des directions.

La date du 30 septembre est importante pour les écoles, puisque c’est le moment où les présences des élèves sont officiellement prises pour établir le financement scolaire accordé par le ministère de l’Éducation.

Or, certains ont vu dans cette journée une occasion de protester contre le port du masque en classe.

« Le fait de garder nos enfants occasionnera des délais administratifs sans conséquence pour les enfants puisque les subventions arriveront tout de même, mais les directions scolaires devront déployer des efforts dans leurs tâches de paperasse », lit-on dans l’invitation Facebook du groupe « 30 septembre je garde mon enfant à la maison ».

Jointe au téléphone, l’une des instigatrices de cet « évènement significatif » dit avoir conscience que ce ne sont pas les directions qui dictent les règles sanitaires dans les écoles, mais explique que les démarches faites auprès « d’autres instances » par son groupe de parents n’ont pas eu l’écho souhaité.

Cette mère des Basses-Laurentides, qui a refusé de donner son nom complet à La Presse et se fait appeler Véronique, estime que l’installation de plexiglas pourrait remplacer le port du masque en classe, pour lequel il n’y a « pas de preuve tangible de bénéfices ».

Québec doit annoncer ce jeudi que les mesures entourant le port du masque en milieu scolaire seront renforcées dans les régions où il est déjà requis.

« Il faut penser aux secrétaires d’école »

Le jour de déclaration de clientèle est bien rodé dans les écoles de la province, explique Kathleen Legault, présidente de l’Association montréalaise des directions d’établissement scolaire (AMDES).

« On a des fiches de présence qu’on doit signer pour chaque élève le 30 septembre et qui sont placées dans leur dossier. Quand il y a des élèves absents, la secrétaire doit contacter les parents, qui doivent venir signer pour confirmer que l’enfant fréquente l’école à temps plein », explique Mme Legault. Cela doit se faire « dans un délai assez court ».

La coorganisatrice de la journée de protestation se dit consciente que si des parents gardent leurs enfants à la maison volontairement, ce sera un « irritant pour les écoles », mais assure qu’il ne s’agit pas « du but premier ».

Mercredi en fin de journée, moins de 300 personnes disaient envisager ce geste de protestation.

Le centre de services scolaire de la Rivière-du-Nord (CSSRDN), qui sert un petit noyau de parents qui entendent garder leurs enfants à la maison, se dit « au courant qu’il existe un mouvement de parents qui manifestent pour un retour à la normale dans les écoles ».

« Cela n’occasionne aucune surcharge de travail pour nos équipes-écoles, ce sont des choses qui arrivent avec lesquelles nous pouvons composer sans problème », écrit Nadyne Brochu, porte-parole du CSSRDN.

Une vision que ne partage pas l’AMDES. « Nos équipes sont déjà sous pression, il manque de personnel dans l’école, il faut penser aux secrétaires d’école qui vont devoir joindre tous les parents d’élèves absents », observe sa présidente, Kathleen Legault.

Au cabinet du ministre de l’Éducation, Jean-François Roberge, on assure que l’absence d’un élève le 30 septembre ne compromet en rien le financement d’une école.

Car au-delà de la décision de certains parents de retirer volontairement leurs enfants de l’école pour une journée, c’est la COVID-19 qui risque surtout de compliquer la tâche du décompte des élèves cette année. Il y a en ce moment 1721 cas actifs parmi les élèves. Au total, 243 classes sont fermées.

976 500

Nombre approximatif d’élèves fréquentant les écoles publiques de la province cette année, du préscolaire au secondaire

Source : ministère de l’Éducation

856

Nombre d’écoles comptant des cas positifs actifs de COVID-19

Source : gouvernement du Québec