Après un an et demi de pandémie, toujours rien de miraculeux en vue sur le front des traitements, même si 6500 essais cliniques de toutes sortes sont en cours à travers le monde.

Malgré toutes les recherches, « il n’y a rien sur le radar qui soit en phase trois et dont les résultats s’annoncent très prometteurs », relève Alain Lamarre, professeur et chercheur en immunologie et en virologie à l’Institut national de la recherche scientifique.

Comment expliquer que ce soit si long, que les traitements se fassent toujours attendre 18 mois après le début de la pandémie ?

« Développer des médicaments, c’est toujours long, rappelle M. Lamarre. Il faut notamment les tester sur des gens infectés, déterminer lesquels, à quel stade de leur infection, etc. »

Par rapport aux vaccins contre la COVID-19, ça semble long, mais c’est parce qu’ils sont arrivés en un temps record ! La rapidité avec laquelle on a eu des vaccins efficaces et sécuritaires, c’est extraordinaire.

Alain Lamarre, professeur et chercheur en immunologie et en virologie à l’Institut national de la rechercher scientifique

André Veillette, immunologiste affilié à l’Institut de recherches cliniques de Montréal, relève également qu’avec les vaccins, « on a été chanceux ». « La technologie ARN existait déjà, ça nous a permis de faire vite. »

Tout de même, il souligne que la dexaméthasone (un stéroïde) a déjà « changé la donne en réduisant de beaucoup la mortalité ».

Ce que l’on cherche à faire maintenant, c’est de cibler le virus avec un nouveau médicament qui serait encore meilleur ou alors de cibler le système immunitaire pour bloquer de façon efficace la tempête inflammatoire que déclenche la COVID-19 dans le corps. « Mais cela, ça peut prendre quelques années », estime M. Veillette.

Et les anticorps monoclonaux ? Bien qu’ils soient approuvés par Santé Canada, ils sont peu utilisés au pays parce qu’ils sont très chers et parce qu’il faut les prendre très tôt. « Si on me dit que j’ai la COVID-19, je ne vais sûrement pas en demander. Mais pour les CHSLD en début d’éclosion, ça peut être indiqué », dit M. Veillette.

On n’espère pas en vain. M. Veillette rappelle que le taux de guérison de l’hépatite C est maintenant de 95 % et que c’est donc possible d’arriver aussi à un traitement contre la COVID-19 « en ciblant les enzymes que le virus utilise pour se répliquer ».

Le traitement à l’hôpital évolue

S’il espère lui aussi un traitement révolutionnaire, le DMartin Albert, intensiviste à l’hôpital du Sacré-Cœur à Montréal, explique que l’expérience acquise au fil des mois fait en soi une différence. Les médecins savent mieux quels patients doivent nécessairement être intubés et mis sous respirateur et lesquels s’en tireront mieux si on évite de le faire, notamment.

Les molécules approuvées pour contrer l’inflammation, comme le tocilizumab et la dexaméthasone, ont déjà beaucoup amélioré le tableau, note-t-il.

Au surplus, comme les patients qui arrivent à l’hôpital ont de 40 à 60 ans, il est maintenant possible d’y aller pour eux avec des traitements plus costauds que quand il s’agissait de personnes très âgées.

Le DAlbert ajoute qu’il y a quelque chose de « fascinant » avec les patients qu’il voit dans cette vague. « De tous les patients que j’ai eus, tous me disent : “J’aurais donc dû me faire vacciner.” Tous. »

Le DMichel de Marchie, médecin intensiviste à l’Hôpital général juif de Montréal, fait pour sa part remarquer que la façon de s’attaquer la maladie a particulièrement évolué pour les patients qui présentent des symptômes légers ou moyens. « Les anticorps monoclonaux sont efficaces chez eux, mais ils ne sont pas recommandés pour les gens qui ont une maladie sévère. »

Notons par ailleurs que le traitement antiviral remdésivir, jugé prometteur en début de pandémie, n’est plus considéré comme efficace.