La quatrième vague de COVID-19 prend de l’élan au Québec : 365 cas de coronavirus supplémentaires ont été signalés mercredi, soit 131 de plus que la veille. Si la Santé publique redoutait une hausse des cas à l’automne, la propagation semble déjà s’accélérer. Un phénomène lié surtout aux personnes non vaccinées.

Québec a recensé mercredi, pour la sixième journée de suite, plus de 200 cas de COVID-19 dans la province. Les nouvelles infections au coronavirus de mercredi représentent une hausse de près de 50 % des cas par rapport à la veille.

Le nombre des hospitalisations continue de croître ; on en a signalé cinq de plus mercredi. Même scénario aux soins intensifs : quatre patients supplémentaires y ont été admis.

Nous percevons actuellement les « balbutiements d’une quatrième vague », selon le virologue Benoit Barbeau, professeur au département des sciences biologiques de l’Université du Québec à Montréal (UQAM).

« On va se diriger vers cette quatrième vague un peu à l’avance, avant le début de la rentrée scolaire », ajoute le virologue, en disant qu’une observation du nombre de cas rapportés au cours des prochains jours confirmerait cette tendance.

La moyenne quotidienne de nouveaux cas du virus calculée sur sept jours se chiffre maintenant à 295 cas par jour.

Une vague « différente » des autres

Le pic des hospitalisations sera moins élevé durant la quatrième vague que lors des flambées précédentes, estime Donald Vinh, infectiologue et microbiologiste au Centre universitaire de santé McGill. « Je pense que cette quatrième vague sera différente des autres vagues que l’on a eues précédemment », affirme-t-il, puisque la proportion des personnes vaccinées changera la donne.

Les conséquences de la transmission communautaire actuelle se feront sentir dans les trois à six prochaines semaines, selon M. Vinh, comme le virus aura plus de difficulté à atteindre des personnes susceptibles d’être infectées. En date du 11 août, 74,3 % des Québécois avaient reçu au moins une dose de vaccin.

Le microbiologiste explique que deux groupes seront particulièrement touchés par la quatrième vague. D’abord les personnes qui ne répondent pas bien au vaccin, et qui sont donc moins bien protégées. Parmi elles, on compte les patients en dialyse, les receveurs de greffe et les malades atteints de leucémie. Le deuxième groupe correspond aux personnes non vaccinées.

Les non-vaccinés et les jeunes, vecteurs de la quatrième vague

Les personnes de 20 à 29 ans sont les plus touchées par la COVID-19 actuellement. C’est dans ce groupe d’âge que sont signalés 15,8 % des cas de coronavirus dépistés au Québec, selon l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ).

Le groupe d’âge le moins vacciné demeure les jeunes de 18 à 29 ans – 73 % d’entre eux ont reçu une première dose de vaccin, 51 % en ont reçu deux.

« C’est sûr que ce groupe d’âge [est] une cible préférentielle pour le virus ! », lance Benoit Barbeau.

On observe une nette diminution du nombre de vaccins administrés quotidiennement au cours des trois dernières semaines. Lors de la semaine du 1er août, 134 319 vaccins de moins ont été injectés par rapport à la semaine précédente.

Pendant ce temps, le variant Delta gagne du terrain. Pour s’en protéger, deux doses de vaccins sont essentielles, rappelle M. Barbeau. Cette souche du virus est plus virulente, et peut donc atteindre davantage les primovaccinés que les précédentes.

Il faut éviter que la vaccination stagne maintenant que les personnes favorables au vaccin ont tendu le bras, selon Roxane Borgès Da Silva, professeure à l’École de santé publique de l’Université de Montréal (ESPUM).

Il faut aller chercher les gens qui sont plus hésitants, qui ne prennent pas le temps d’aller [se faire vacciner], qui ont besoin de se faire rassurer. Ça demande beaucoup plus de travail, et c’est pour ça que la vaccination baisse, et qu’il faut changer de stratégie.

Roxane Borgès Da Silva, professeure à l’École de santé publique de l’Université de Montréal

Des cliniques éphémères font partie de la solution pour inciter les récalcitrants à retrousser leur manche, selon la professeure à l’ESPUM.

La majorité des nouveaux cas de COVID-19 des quatre dernières semaines (62 %) sont dépistés chez des personnes non vaccinées, ou qui ont reçu leur première injection il y a moins de 14 jours, rapporte la Santé publique en date du 31 juillet.

Même constat pour les hospitalisations. Les non-vaccinés ou les primovaccinés depuis moins de 14 jours représentent 78 % des hospitalisations liées au coronavirus du dernier mois.

Les grands centres aux aguets

Les régions de Montréal et Laval sont au sommet des secteurs qui rapportent le plus de cas de COVID-19 au quotidien. Mercredi, 65 nouveaux cas ont été dépistés à Montréal, et 32 cas à Laval.

Dans les grandes villes, la densité de population « peut être l’un des facteurs potentiellement aggravants » de la transmission du virus, rappelle Mme Borgès Da Silva. La contamination peut donc s’effectuer plus rapidement et plus facilement.

Toutes les régions du Québec sont susceptibles d’être touchées par la quatrième vague, prévient toutefois le DGaston De Serres, médecin-épidémiologiste à l’INSPQ.

« Si on regarde ce qui vient de se produire dans les derniers 10 à 15 jours, les régions de la Mauricie et du Centre-du-Québec ont été particulièrement touchées », lance-t-il.