Le variant Delta de la COVID-19 cause une flambée d’infections dans plusieurs endroits du globe cet été, alors que la vaccination progresse en ordre dispersé.

23,2 %

C’est la proportion de la population mondiale ayant reçu au moins une dose d’un vaccin contre la COVID-19 en date du 28 juin. Mais ce taux varie énormément d’un pays à l’autre et il est beaucoup plus bas dans les pays à faible revenu.

Consultez les données du site Our World In Data (en anglais)

Vaccination inégale

Quelque 3 milliards de doses de vaccin contre la COVID-19 ont été administrées dans le monde et 41,26 millions sont désormais administrées chaque jour, selon le site Our World In Data. Pourtant, seulement 0,9 % des habitants des pays à faible revenu ont reçu au moins une dose.

« Une grande partie de la population des pays émergents ne se fera pas vacciner cette année, et probablement pas non plus l’année prochaine. C’est ce qui me fait le plus peur », note François Audet, professeur agrégé à l’École des sciences de la gestion de l’UQAM et directeur de l’Institut d’études internationales de Montréal. « C’est un bassin [de population] important qui pourrait permettre au virus d’évoluer, c’est inquiétant tant pour les pays touchés que pour l’avenir de la pandémie mondiale. »

Populations vulnérables

Le Canada a rapidement ciblé les populations à risque, comme celle qui vit en région éloignée, notamment les populations autochtones, qui ont reçu les deux doses du vaccin en priorité, alors que les populations des grands centres urbains n’en sont pas encore à deux doses pour la majorité. « Il faut le dire quand on fait des bons coups, et le Canada a joué juste avec les populations vulnérables, les populations dans le Nord, note M. Audet. On voit le Yukon, les Territoires du Nord-Ouest, où beaucoup sont pleinement vaccinés depuis un bout de temps déjà. Aux États-Unis, dans les États ruraux du Sud, la vaccination est moins avancée que la moyenne nationale, et ça les rend vulnérables aux variants. »

PHOTO MAHESH KUMAR A, ASSOCIATED PRESS

Une travailleuse de la santé administre le vaccin Covishield lors d’une campagne de vaccination spéciale contre la COVID-19 à Hyderabad, en Inde.

Hôpitaux débordés en Afrique du Sud

Le variant Delta, d’abord apparu en Inde, a provoqué une hausse exponentielle des infections en Afrique du Sud, qui a mis en place un nouveau confinement. « Nous sommes en proie à une vague dévastatrice qui, selon toutes les indications, semble être pire que celles qui l’ont précédée, a déclaré dimanche soir le président sud-africain Cyril Ramaphosa dans un discours télévisé. Le pic de cette troisième vague devrait être plus élevé que les deux précédents. » Déjà, certains hôpitaux de Johannesburg et de Pretoria affichent complet et refusent d’admettre de nouveaux patients. Cette vague d’infections fait craindre le spectre d’une flambée de COVID-19 sur le continent africain, où à peine 3 % des 1,2 milliard d’Africains ont reçu un vaccin.

Colère en Australie

Pays largement épargné par la COVID-19 jusqu’ici, l’Australie vit des moments difficiles avec la hausse de la propagation du variant Delta, qui affectait 110 personnes à Sydney en date du 27 juin. Le pays vient de décider de garder ses frontières fermées, et plusieurs grandes villes, dont Sydney, Brisbane, Perth, Darwin et leurs banlieues, viennent d’imposer des mesures de confinement strictes. Des citoyens ont fait part de leur mécontentement envers le gouvernement de Scott Morrison, qui n’est jusqu’ici parvenu qu’à vacciner complètement à peine 1,19 million de personnes, soit 4 % de la population australienne. Pour ajouter aux problèmes du gouvernement, environ 30 % de la population dit être « peu ou pas intéressée » à se faire vacciner. Les élus ont dit qu’environ 80 % de la population devra être vaccinée avant que les frontières puissent rouvrir – une cible qui ne serait pas atteinte avant la mi-2022, selon le premier ministre Morrison.

PHOTO LOREN ELLIOTT, REUTERS

Une femme portant un masque de protection promène son chien devant l’opéra de Sydney déserté à Sydney, en Australie, mardi.

Pic d’infections en Russie

La Russie a longtemps refusé d’imposer des mesures sanitaires strictes. Le pays est aujourd’hui balayé par une vague d’infections de COVID-19, avec près de 20 000 infections par jour, soit le double de ce qui était enregistré au début du mois de juin. Plus de 600 morts ont été rapportées dans la journée du 28 juin, un record depuis le début de la pandémie. Il est désormais obligatoire de présenter un code QR montrant qu’on a été vacciné si l’on veut fréquenter un restaurant à Moscou. Or, à peine 21 millions des 144 millions de Russes ont été vaccinés, soit 15 % de la population.