(Ottawa) Les interprètes fédéraux qui ont notamment traduit les propos des autorités pendant les points de presse au cours de la pandémie de COVID-19 craignent de ne pas pouvoir recevoir des indemnités s’ils tombent malades.

Nicole Gagnon, une membre de la section canadienne de l’Association internationale des interprètes de conférence (AIIC), dit avoir été récemment informée par le ministère des Services publics et des Approvisionnements que les interprètes n’ont pas droit à ces indemnités parce qu’ils sont des pigistes et non des employés.

L’AIIC a récemment écrit une lettre à la ministre Anita Anand pour lui demander de l’aide dans ce dossier.

Mme Gagnon souligne que les interprètes n’auraient pas droit à des indemnités même s’ils doivent se placer en quarantaine à cause de la COVID-19.

« Nous savons que nous sommes des pigistes. Nous savons que nous ne sommes pas des employés. Nous savons que nous n’avons pas droit aux prestations de maladie. Mais nous avons estimé qu’une certaine considération était justifiée étant donné les circonstances », manifeste-t-elle.

Le ministère n’a pas répondu à une demande de commentaires.

Mme Gagnon dit que cette décision soulève l’ire des interprètes, eux qui doivent faire davantage attention à leur voix à cause de la qualité sonore de la plateforme ne ligne utilisée par le Parlement pour ses séances virtuelles.

La Chambre des communes et le Sénat ne peuvent être en séance que si des services de traduction en français et en anglais sont offerts aux parlementaires, en vertu de la Loi sur les langues officielles.

Leurs services sont également utilisés pour des conférences de presse du premier ministre Justin Trudeau, de ses ministres et des hauts responsables de la santé.

« Le gouvernement, qui met l’accent sur l’importance de ne pas aller au travail lorsqu’on est malade, fait la sourde oreille, déplore Mme Gagnon. Les gens sont en furie. »

Environ 80 interprètes doivent se présenter en personne à la colline du Parlement, s’exposant ainsi au coronavirus.

Dans sa lettre transmise à la ministre Anand, l’AIIC mentionne notamment que 16 interprètes ont dû récemment faire deux quarts de travail d’affilée au cours des réunions des comités parlementaires.

Le porte-parole du NPD en matière de travail, Scott Duvall, juge que la position du ministère est « mesquine ».

« Nous avons un gouvernement qui dit vouloir aider les gens, mais quand il s’agit d’offrir ce genre d’avantages sociaux à ses propres employés contractuels, il ne veut pas. C’est absurde », lance-t-il.

Mme Gagnon espère que Mme Anand corrigera la situation.

« Nous pensons que le gouvernement est irrespectueux envers nous. On s’est pourtant présenté au travail. »

Note aux lecteurs : Dans la version précédente, La Presse Canadienne écrivait erronément que Nicole Gagnon était une avocate de l’AIIC, elle en est plutôt une membre.