Si la tendance à la baisse au chapitre des nouveaux cas de COVID-19 se poursuit au Québec, il reste que certaines régions montrent des signes inquiétants. Dans le Bas-Saint-Laurent, le gouvernement Legault imposera de nouvelles mesures spéciales dès vendredi soir. L’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ), de son côté, appelle les autorités à la prudence dans l’ensemble des régions sous surveillance.

Le Bas-Saint-Laurent sera en effet sous le coup de mesures spéciales d’urgence à compter de minuit, ce vendredi. Québec a dit prendre cette décision alors que la transmission « est très importante et en hausse », particulièrement dans la région de Rivière-du-Loup. « On doit intervenir rapidement avant que ça empire », a précisé le ministre Christian Dubé.

Dans le détail, seules les écoles primaires y demeureront ouvertes, avec l’imposition de ces nouvelles mesures. Les secteurs de Matane, Mitis et Matapédia, toutefois, échappent complètement aux mesures d’urgence, et non seulement aux fermetures d’école, ce qui a réjoui le député péquiste de l’endroit, Pascal Bérubé, qui avait fait des demandes en ce sens. Il a salué la décision de M. Dubé sur Twitter.

« C’est vraiment une marée qui monte », a illustré le DHoracio Arruda pour décrire la situation au Bas-Saint-Laurent, où l’on enregistrait 58 nouveaux cas jeudi. « Pour les écoles, au niveau du primaire, c’est plus difficile de faire du télé-enseignement et certains territoires sont très mal couverts [en services] internet », a-t-il ajouté, précisant que les risques étaient moins grands que les bénéfices.

Malgré l’annonce de la vaccination qui s’ouvre pour tous les adultes au Québec, les autorités ont rappelé que des régions de la province demeuraient « sous pression » et qu’il fallait donc rester prudent. L’Outaouais, Chaudière-Appalaches et la Capitale-Nationale sont toujours visés par des mesures spéciales d’urgence. À Québec et dans certaines MRC de Chaudière-Appalaches, les écoliers du primaire pourront reprendre le chemin des classes, lundi.

Le maire de Rimouski, Marc Parent, n’a pas du tout bien accueilli le passage de sa municipalité en zone « rouge foncé ». « Nous sommes tous en train de payer pour l’insouciance de certains. Laissez tomber le "Je-Me-Moi" et commencez à penser au "Nous". Le même principe s’applique à la vaccination. Pensez "Nous" et faites-vous vacciner », a dénoncé l’élu municipal sur Twitter.

Un retour en zone rouge risqué ?

Alors que les écoles primaires rouvriront lundi dans la région de la Capitale-Nationale, un retour complet en zone rouge à la levée des mesures spéciales d’urgence « pourrait [provoquer] une recrudescence des cas et des hospitalisations » chez les plus jeunes, a prévenu jeudi l’INSPQ, en présentant de nouvelles modélisations.

La bonne nouvelle, dit le DMarc Brisson, responsable de ces projections, est que l’augmentation des cas « n’entraînerait pas nécessairement une hausse très importante des hospitalisations, et ce, malgré le retour au primaire » dans la région de Québec.

« Même si nos jeunes génèrent un peu plus de cas, l’important est que ces cas soient captés rapidement avec de bonnes mesures de traçage et d’isolement. Ainsi, avec une légère augmentation des cas, on pourrait diminuer les hospitalisations », indique la Dre Jocelyne Sauvé, médecin spécialiste et vice-présidente aux affaires scientifiques de l’INSPQ.

Au bout du compte, tout dépendra du degré d’adhésion aux mesures d’urgence et de la réduction de la transmission communautaire, soutient l’organisme. Ce dernier n’exclut pas que dans un scénario d’« adhésion moyenne », la levée des mesures d’urgence engendre « une augmentation rapide des hospitalisations » et du nombre d’infections.

Mardi, Québec annonçait que dans la région de la Capitale-Nationale, où « la situation s’est améliorée de façon importante », les écoles primaires rouvriraient à compter de lundi. Ce sera également le cas dans Chaudière-Appalaches – sauf dans Bellechasse et Beauce-Etchemin, où la transmission communautaire du virus est forte.

La décision qui a été prise, c’est de dire : on commence par les écoles primaires, puis on voit le temps qu’on [gagne], le temps que la vaccination se poursuive. Si tout va bien, je m’imagine que l’ouverture des écoles secondaires sera aussi envisagée.

La Dre Jocelyne Sauvé, médecin spécialiste et vice-présidente aux affaires scientifiques de l’INSPQ

Dans le Grand Montréal, l’INSPQ publie des projections « plus optimistes » que celles du 18 mars et du 9 avril dernier, surtout parce que le nombre de doses attendues en mai est plus élevé. Si l’adhésion aux mesures est forte, la métropole pourrait observer « une petite augmentation, voire une diminution des cas détectés en mai », avance le DMarc Brisson. « Si c’est le cas, on prédit une stabilité dans les nouvelles hospitalisations et les décès jusqu’à la fin mai, puis une diminution qui sera reliée à l’augmentation de la couverture vaccinale », insiste-t-il aussi.

Nouvelle baisse des hospitalisations

Pendant ce temps, les hospitalisations liées à la COVID-19 ont de nouveau diminué jeudi, tandis que la province rapportait 1042 nouveaux cas et 5 décès supplémentaires. On compte actuellement 623 personnes hospitalisées en raison de la COVID-19. C’est 20 de moins que la veille. De ce nombre, 165 sont aux soins intensifs. Elles étaient 161 mercredi.

Les 1042 nouveaux cas rapportés jeudi témoignent une fois de plus d’une tendance à la baisse, quoiqu’à un moindre rythme. La moyenne quotidienne calculée sur une semaine est maintenant de 1012 nouveaux cas par jour. Malgré une tendance à la baisse, Chaudière-Appalaches demeure la région affichant le plus haut taux de propagation, soit 27 nouveaux cas pour 100 000 habitants. Avec 58 nouveaux cas, le Bas-Saint-Laurent poursuit quant à lui sa tendance à la hausse.

Avec seulement quatre nouveaux cas, la Côte-Nord semble quant à elle reprendre une trajectoire plus rassurante. Les 5 décès supplémentaires maintiennent à 10 la moyenne quotidienne observée depuis une semaine. La Montérégie rapporte 3 décès et la Capitale-Nationale, 2. Trois régions rapportent chacune un décès, soit l’Outaouais, Chaudière-Appalaches et Laval. À noter, Montréal retire 3 décès de son bilan, la cause de la mort n’étant pas la COVID-19.

La campagne de vaccination, elle, a repris en intensité. Québec rapporte qu’un peu plus de 72 000 doses ont été administrées, permettant de franchir le cap des 3 millions de doses depuis le début de la campagne. À ce jour, 34,7 % des Québécois ont reçu une première dose.

Avec Pierre-André Normandin, La Presse